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20.12.09

Que deviennent les pesticides périmés et interdits ?

L'utilisation massive des pesticides se répercute sur l'environnement, eaux, sols et air sont contaminés. Et malgré le manque de transparence de la dangerosité de ces produits phytosanitaires, les impacts sur notre santé sont aujourd'hui reconnus (favorisation de cancers, problèmes neurologiques, troubles de la reproduction, ...). Et pire encore, contrairement à nous humains, les pesticides périmés et interdits ont une seconde vie... Réutilisés, ces produits parcourent la planète depuis des décennies et continuent de dégrader l'environnement, pour se retrouver finalement dans nos assiettes et celles de nos chères autorités occidentales qui s'évertuent à interdire leur utilisation, tout en prenant soin de ne pas contrarier les lobbyistes de ce monde.


Tandis que de nombreux pesticides interdits continuent d'être utilisés, de gigantesques stocks de pesticides périmés sont abandonnés, contaminant le sol et les nappes phréatiques. Dans les pays pauvres, les conteneurs de ces pesticides sont souvent récupérés pour stocker la nourriture et l'eau.


En 1998, la Convention de Rotterdam visait à prévenir l'importation indésirable des produits chimiques les plus dangereux dans les pays en développement. En 2001, la Convention de Stockholm a tenté d'éliminer les POP (Polluants Organiques Persistants) réputés pour leur ténacité. Leur interdiction les a rendu inutilisable et du coup, les stocks sont volés pour être revendus au marché noir.


La triste réalité est qu'aucune gestion rigoureuse n'est mise en pratique, que ce soit par les pays industrialisés ou en développement. Autrement dit, l'accumulation de ces déchets toxiques dangereux reste toujours, à l'heure actuelle, une menace constante pour l'environnement et la santé de millions de personnes.


1993 Interdit au Nord, exportés au Sud-Le fléau des pesticides toxiques

‹‹ SANS vergogne, les grandes firmes multinationales de la chimie continuent à déverser sur les pays du Sud des dizaines de milliers de tonnes de pesticides dont l'usage est interdit ou sévèrement réglementé dans les pays occidentaux. Stockés et utilisés sans précautions, ces produits aux effets dévastateurs sur l'homme comme sur toutes les formes de vie servent une logique productiviste contraire à un développement durable de l'agriculture. ››


1996 Pesticides périmés dans les pays en développement

‹‹ De grandes quantités de pesticides non utilisés représentent une menace grave pour l'environnement et la santé publique dans les pays en développement, d'après une étude de la FAO publiée au début du mois de juin 1996. (...) "Les stocks de pesticides périmés sont de véritables bombes à retardement", a déclaré Niek van der Graaff, Chef du Service FAO de la protection des plantes. "Les fuites, les infiltrations et divers accidents liés aux pesticides sont extrêmement fréquents et répandus. Les conditions d'entreposage sont rarement conformes aux normes internationales. De nombreux contenants de pesticides se détériorent, laissant échapper leur contenu qui va contaminer les nappes phréatiques et l'environnement. La plupart des entrepôts sont situés en plein coeur des agglomérations urbaines ou à proximité de zones d'habitation." En Afrique et au Proche Orient, les effets possibles de ces pesticides périmés sur l'environnement suscitent de vives inquiétudes. Certains stocks ont plus de 30 ans et sont conservés au mépris des mesures de sécurité. Aucun pays n'est à l'abri du danger. D'après la FAO, il faut agir de toute urgence, pour éviter des catastrophes et des dommages irréversibles. Au fil des années, toutes sortes de pesticides ont été importées par les pays en développement, sous forme de dons des organismes d'aide au développement ou des gouvernements. "En Afrique, le total connu des importations de pesticides s'élève à 672 millions de dollars pour 1993-94. Or 40 pour cent au moins de ce total, soit l'équivalent de 269 millions de dollars, n'ont probablement pas été utilisés", indique le rapport. Les données disponibles pour d'autres régions montrent que le problème ne se limite pas à l'Afrique mais qu'il se pose également en Europe de l'Est, en Asie et en Amérique latine. ››


2003  Mali : pesticides périmés, une aide mortelle et ruineuse

‹‹ Les criquets passent, les pesticides restent. Le Nord-Mali se retrouve 20 ans après avec d'importantes quantités de produits aujourd'hui périmés mais dangereux pour la santé. Pour s'en débarrasser, l'État compte sur la coopération internationale, qui l'avait généreusement doté en pesticides interdits dans les pays occidentaux. ››

2004  Stocks de pesticides dans les pays pauvres : une bombe à retardement

‹‹ D'importantes quantités de déchets chimiques toxiques dérivés de pesticides inutilisés ou périmés représentent une menace durable et de plus en plus sérieuse pour les populations et l'environnement en Europe de l'Est, Afrique, Asie, Moyen-Orient et Amérique latine, prévient la l'agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture dont le Programme de prévention et d'élimination des pesticides périmés souffre d'un défaut de financement. L'Ukraine détiendrait, par exemple, environ 19 500 tonnes de produits chimiques périmés, la Macédoine 10 000 tonnes, la Pologne 15 000 tonnes et la Moldavie 6 600 tonnes. En Asie, les stocks s'élèvent actuellement à 6 000 tonnes, sans compter la Chine où le problème des résidus de pesticides serait très étendu. Les pays du Moyen-Orient et de l'Amérique latine ont déclaré environ 10 000 tonnes et réclament l'aide de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), indique aujourd'hui un communiqué de l'agence. ››


2005 Le Programme des pesticides obsolètes de la FAO en appelle aux bailleurs de fonds

‹‹ Alors que les quantités de pesticides toxiques en Amérique latine sont plus importantes que ne l'indiquaient les estimations, le Programme des pesticides obsolètes de la FAO déclare ne plus disposer des moyens financiers nécessaires pour faire face. ››


2005 Pesticides : l'Afrique enfin décontaminée ?

‹‹ Dans la quasi-totalité des pays africains ont été accumulés des stocks de pesticides périmés ou interdits, qui contaminent les sols, l'eau et les aliments depuis plusieurs décennies. Un vaste programme de nettoyage de ces pesticides a été annoncé par la Banque Mondiale et le WWF, associant les pays africains, les ONG et les organisations internationales concernées. ››


2007 Le Mozambique chasse les pesticides périmés et importe du DDT

‹‹ Alors que le Mozambique conduit, depuis 2003, un programme d'évaluation, de collecte et de traitement des 600 tonnes de pesticides périmés recensés, le ministère de la santé commande près de 900 tonnes de DDT au nom de la lutte contre le paludisme. L'absence de gestion raisonnée des stocks et de mécanismes de contrôle risque de transformer rapidement une partie de ces produits en une nouvelle source de pesticides obsolètes. ››


2008 Ces dangereux pesticides dans nos fruits et légumes

‹‹ Le problème des pesticides périmés concerne plusieurs régions agricoles du Maroc. Ces produits chimiques sont surtout sur-utilisés dans les fruits et légumes. Le Maroc est un pays qui aurait le plus grand stock de pesticides périmés au monde. ››


2009 Comité Inter-états des Pesticides en Afrique Centrale

‹‹ On relève parfois, par-ci ou par-là, des pesticides interdits en circulation au Cameroun et dans la zone CEMAC, mais ce n’est pas alarmant. Nous ne sommes pas à l’abri de ce phénomène qui est planétaire comme l’est la circulation de faux médicaments, des fausses monnaies, des drogues, des contrefaçons de tout genre d’autant plus que nos frontières sont très poreuses ››


2009 Produits agricoles marocains : Les pesticides font mouche

‹‹ Eux-mêmes, non seulement privilégient les pesticides comme seule arme contre la fameuse mouche espagnole, mais confirment l’existence sur le marché marocain de pesticides et autres produits chimiques à usage agricole périmés, voire interdits. (...) Cristina Guttierrez-Cortines qui s’exprimait lors d’un débat ouvert avec le ministre suédois de l'agriculture, Eskil Erlandsson, est allée plus loin. Elle a interpellé le Comité européen pour l'environnement, la santé publique et la sécurité des aliments, en affirmant qu’il y a même des «délocalisateurs» qui contourneraient les lois européennes et iraient produire au Maroc des produits agricoles en utilisant des pesticides interdits dans l’Union. ››


2009 Algérie - Danger sur la santé : Des pesticides dans vos assiettes

‹‹ Plus encore, pour M. Chelabi, « la moitié des fruits et des légumes (dont notamment les poivrons, piments, tomates, poireaux, laitues et épinards), vendus sur les étals, contiendraient ces substances chimiques. Les fruits les plus touchés sont les fraises, les mandarines et les raisins... Pire encore, des pesticides interdits de commercialisation et d'usage dans l'Union européenne ont été retrouvés dans les raisins vendus en Algérie. Dont l'endosulfan, un polluant organique persistant (POPs) dont les dommages se font sentir des années sur l'environnement. Ou encore un insecticide, le bromopropylate. Certains fruits et légumes dépassent même la concentration maximale de résidus de pesticides universellement tolérée. Le hic, c'est que la législation algérienne ne fixe aucun taux de résidus tolérable !  ››

(1) Bolivie - Vieilles bouteilles en plastiques ayant contenu des pesticides

(2) Laos - Enfant avec un conteneur de pesticide

(3) Ethiopie - Ré-emballage de pesticides obsolètes


Copenhague jette un froid

‹‹ Alors que Barack Obama et Nicolas Sarkozy annonçaient un accord dès vendredi soir, de nombreux pays affirmaient ne pas avoir été tenus au courant. ›› ‹‹ Certains pays, comme le Venezuela ou Cuba, ont annoncé leur intention de ne pas le signer. ›› ‹‹ Mais l'échec de ces négociations était prévisible, tant la semaine précédente avait été agitée. ›› ‹‹ Les tensions entre les deux pays (Chine/Etats-Unis) ont été très vives, mais leurs intérêts contradictoires ont conduit à une alliance objective pour préserver leur souveraineté. Les deux pays échappent ainsi à tout objectif contraignant. La Chine s'est notamment opposée à la mise en place de mesures de vérification de l'application de l'accord. ›› Le bilan décevant du sommet de Copenhague - Le Monde


‹‹ Il faudra donc que la catastrophe serve de pédagogie. Ce dont nous avons le plus besoin, c’est d’une succession de crises. Par exemple, pendant la crise du prix du pétrole de septembre à décembre 2008, il s’est répété que le système libéral occidentalisé était dangereux et non durable. Cela a servi de choc psychologique faisant avancer la perception révolutionnaire de la structure crisique de notre société thermo-industrielle. Le baril de pétrole atteignant 150 dollars était un signal prix fort qui a laissé des traces, qui a modifié la perception des personnes. L’état d’esprit qui accueillera une nouvelle crise du pétrole, avec une perception plus aiguë des limites de notre planète, sera donc notablement différent de ce qu’il était précédemment. La taxe carbone n’est en définitive qu’un accompagnant politique, insuffisant et tardif des soubresauts de notre planète. Les objecteurs de croissance doivent savoir que le principal soutien à leur action ne viendra ni des politiques, ni des économistes, ni des consommateurs, ni des travailleurs, tous unis par l’illusion d’un niveau de vie non renouvelable : c’est la planète elle-même qui se mettra de leur côté en limitant de plus en plus sa générosité, crise pétrolière, crise climatique, crise halieutique, crise alimentaire, etc.  La vulgate marxiste d’une classe sociale faisant la révolution ne nous sert plus à rien.›› pédagogie de la catastrophe


Les pays occidentaux ne veulent pas s'engager fermement dans la lutte contre le réchauffement climatique, même s'ils en sont en grande partie responsables. Copenhague est un échec et cela n'a rien de surprenant. Non, le pauvre bilan de ce sommet, sans contraintes, sans ambition, obtenu par des négociations de couloirs, ne nous sortira pas d'affaire. Il aura au moins servi à promouvoir la durablement mortelle énergie nucléaire (Sarkozy annonce un milliard d’euros pour le nucléaire). Les pouvoirs politiques sont incapables de prendre les bonnes décisions, la plupart ne font pas le poids face aux industries et leur bulle financière, quant aux autres, c'est à se demander s'ils ne sont pas l'industrie...


L’Union européenne baisse les bras face au commerce illégal de bois

Intensification agriculture et exploitation des forets pourrait laisser l’Europe sans puits net de carbone


19.12.09

Industries chimique ou agro-alimentaire : laquelle ingurgitons-nous ?

De nos jours, s'alimenter est toujours une question de survie mais aussi un risque permanent pour notre santé car l'industrie agro-alimentaire, c'est avant tout l'agro-chimie et sa recherche, sa technologie, son innovation. Finalement, il n'est pas rassurant de penser que l'industrie agro-alimentaire n'est qu'un laboratoire géant qui sert à produire en grande quantité et rendre possible la grande distribution, car n'oublions pas, les aliments doivent aujourd'hui être capables de faire le tour du monde en bateau et garder un aspect appétissant jusqu'à notre assiette. Conservateurs, colorants, exhausteurs de goût, régulateurs, correcteurs d'acidité, antioxydants, agents de texture, édulcorants, émulsifiants, épaississants, gélifiants, humectants, acidifiants, affermissants, agents d'enrobage, agents de levuration, agents moussants, anti-agglomérants, antimoussants, antioxygènes, séquestrants, stabilisants... sont présents dans la plupart de nos aliments. Lorsque j'entends parler d'innovation en matière d'alimentation, cela me donne la chair de poule, tout comme les discours sur la sécurité sanitaire des aliments, continuellement démentis par des phénomènes de vache folle, de poulet chloré, de porc au PCB, ce qu'on voudra... Une chose est sûre, pendant que nous mangeons, les laboratoires industriels travaillent jour et nuit à la recherche du nouvel additif, sans bien sûr se préoccuper des risques non maîtrisés dus à leur accumulation et association, tandis que d'autres savants fous s'affairent à modifier génétiquement nos aliments, ou encore à concocter des produits phytosanitaires redoutables pour l'environnement et notre santé. L'industrie chimique et agro-alimentaire, quelle différence ?


« On arrête les “gangsters”, on tire sur les auteurs de “hold-up”, on guillotine les assassins, on fusille les despotes - ou prétendus tels - mais qui mettra en prison les empoisonneurs publics instillant chaque jour les produits que la chimie de synthèse livre à leurs profits et à leurs imprudences? » Roger Heim, 1965 


‹‹ Grâce à cet outil, Symrise espère développer de nouveaux arômes encore plus proches de la réalité, plus rapidement et qui s'intègreraient plus facilement dans les bases alimentaires de ses clients. ›› Symrise améliore l'analyse des arômes grâce à SymStixx™

Actu Rue89 : Les dessous de l'assiette

Additifs Alimentaires : dangers, risques et effets pour la Santé

Panga: la mondialisation dans votre assiette


OGM quand tu nous tiens :

Allemagne et Europe contaminées par des OGM illégaux ?

Monsanto et DuPont se crêpent le chignon (grandiose)

Des traces d’OGM découvertes dans du maïs traditionnel

L’OGM nouveau de Monsanto est arrivé ... sans évaluation!

Au Mexique, le berceau du maïs contaminé par des OGM

Gènes modifiés dans le maïs mexicain, fin de la controverse

La Vraie France et les Fausses Institutions de contrôle de la semence

OGM et Génétique Agricole - Jean-Pierre Berlan

Sécurité sanitaire des aliments  vs pesticides :

Homologation des pesticides: le cas de certains Roundup®

Maternités sous pesticides : gare aux risques de leucémie infantile

Un pesticide hautement toxique enfin interdit aux USA

BBC NEWS | Africa | Insecticide 'killing Kenya lions'

Décryptage de la « liste noire » des 22 pesticides dangereux

Il faut retirer le glufosinate du marché

Pesticides : des taux en hausse dans les aliments

Publicité sur des pesticides non autorisés, la justice va trancher :

Commerce et publicités illicites de pesticides agricoles - Synthèse du dossier appelé à l'audience.pdf

Pesticides : effet neurotoxique potentiel chez les foetus

Pesticides dans les aliments : l’Europe simplifie au détriment de la santé

Pesticides dans les aliments, des ONG portent plainte contre les nouvelles normes

La Télévision Paysanne - Le PILOT : Une chimie de merde






Les pieds dans le plat moléculaire

Les dessous peu appétissants de la cuisine moléculaire

Trop d'additifs chimiques dans nos assiettes !

par Jörg Zipprick , journaliste allemand

‹‹ Aux antipodes des cuisiniers du terroir et de la nature, les alchimistes de la cuisine moléculaire se montrent sous leur vrai jour : des servants à peine déguisés de l'agroalimentaire et de la physico-chimie industrielle. ››





Bidoche

‹‹ Pourquoi des techniciens inventent-ils chaque jour, en notre nom, de nouvelles méthodes pour « fabriquer » de la « matière » à partir d’êtres vivants et sensibles ? Pourquoi leurs laboratoires sont-ils aussi anonymes que secrets ? Pourquoi l’industrie de la bidoche est-elle dotée d’une puissance qui cloue le bec de ses rares critiques ? A la suite de quelle rupture mentale a-t-on accepté la barbarie de l’élevage industriel ? Pour quelle raison folle laisse-t-on la consommation effrénée de ce produit plein d’antibiotiques et d’hormones menacer la santé humaine, détruire les forêts tropicales, aggraver la famine et dans des proportions étonnantes la si grave crise climatique? ››



Carrefour rappelle des steaks hachés surgelés - Libération : ‹‹ Le groupe de distribution a constaté une contamination avec la bactérie E.Coli dans un des lots de la marque Carrefour Discount, distribués dans les magasins Carrefour, Carrefour Market et Champion. ›› (le E.Coli - Escherichia coli - étant une bactérie intestinale présente chez les mammifères). Mais rassurons-nous, les animaux seront bientôt vaccinés contre le E.Coli, un vaccin de plus dans nos assiettes : E. coli O157:H7 : Les tribulations d’un vaccin. Mais Comment de la m... peut-elle se retrouver dans la viande ? La réponse se trouve dans l'excellent film Fast Food Nation.


14.12.09

Kyoto, Copenhague, c'est quoi finalement ?

Mais à quoi servent ces sommets mondiaux sur le climat ? Les objectifs chaque fois fixés sont inobservables car jamais atteints. Alors, ces sommets, c'est quoi finalement ? Une farce ? Bien sûr que non, les dirigeants de ce monde ne prennent pas le changement climatique à la rigolade. Tous les moyens sont bons pour s'enrichir et les négociations sur le climat devraient, comme dans toute économie capitaliste mondiale qui se respecte, aboutir à de fructueux marchés pour certains (encore une fois les mêmes).


Pourquoi nous lutterons contre un accord à Copenhague

par Morgan Ody, agricultrice et membre de Reclaim the fields


‹‹ D’ici quelques jours, des milliers de militants d’Europe et du monde entier convergeront vers Copenhague à l’occasion du sommet mondial sur le climat. Alors que les médias donnent la parole exclusivement à ceux qui, parmi les gouvernants, les entreprises et les grandes ONG, appellent à un « accord ambitieux », nous serons nombreux dans les rues de la capitale danoise à agir contre la signature d’un nouveau protocole. Et nous avons de bonnes raisons !


Kyoto 2, la bouée de sauvetage du capitalisme


Le sommet de Copenhague vise à trouver un accord entre les États sur la suite à donner au protocole de Kyoto, qui expire en 2012. Le projet sur la table des dirigeants est très semblable à celui de Kyoto, c’est à dire qu’il est basé sur le commerce du carbone et même étend les sphères auxquelles le marché des émissions pourra être appliqué.


Au prétexte de réduire les émissions de gaz à effet de serre, on a commencé depuis 2005, date d’entrée en application de Kyoto, à faire du carbone, l’élément le plus basique de la vie sur terre, une marchandise. L’accord de Kyoto n’est que cela. Toutes les réductions d’émissions auxquelles se sont engagés les pays riches depuis 1997 peuvent se monnayer en échange de la construction d’une centrale hydraulique ici, d’une plantation de palmiers à huile là-bas. Cet accord a-t-il permis de réduire les émissions ? Non, puisque depuis 1990, le volume d’émission a augmenté de 40%, et cela malgré la dégringolade des économies de l’ex-URSS et des « démocraties populaires  » qui ont largement participé à baisser le niveau des émissions en Europe. Jamais la croissance des émissions n’a été aussi rapide que depuis que Kyoto est entré en vigueur. Mais à quoi sert ce protocole alors ? A faire de l’argent pardi ! Et, pour être plus précis, à sauver le capitalisme mondial.


La guerre pour les ressources a commencé


Notre système économique a besoin, pour survivre, de produire toujours plus. C’est le principe même de la croissance et de l’accumulation du capital. Pour cela, il utilise toujours plus de ressources naturelles, des ressources toujours plus rares, qu’il doit arracher aux communautés rurales qui en dépendent. Ces vingt dernières années, on a donc vu un accaparement exceptionnel des richesses du monde par quelques dizaines de multinationales qui, pour prendre possession des terres, des réserves d’eau, des minerais et des ressources génétiques (semences et races animales) de la planète, n’hésitent pas à assassiner, à jeter en prison, à terroriser et à affamer des centaines de millions de personnes. Le protocole de Kyoto participe à cet élan d’expropriation en lui offrant une légitimité morale et un appui financier.


Les grandes entreprises ont un besoin particulièrement important d’énergie pour pouvoir continuer à produire en masse et à transporter les biens de consommation d’un bout à l’autre de la planète. Le protocole de Kyoto permet aux pays riches d’éviter de réduire leurs émissions en finançant le développement d’énergies soi-disant « propres » dans le Sud. Monocultures d’agro carburants, barrages géants et mégaprojets éoliens sont ainsi mis en place. L’énergie est ensuite acheminée vers les centres industriels ou les pays riches. De façon quasi-systématique, les populations locales sont chassées de leur territoire et n’ont aucun accès à l’énergie produite. L’aspect durable de ces productions est plus que douteux : les plantations de maïs ou de palmiers à huile pour l’éthanol par exemple détruisent la biodiversité, consomment des quantités gigantesques d’eau, sont aspergés d’engrais et de pesticides et s’étendent le plus souvent au détriment de la forêt primaire.


Surtout, ces énergies renouvelables ne permettent en rien une réduction des émissions de gaz à effet de serre, puisque la consommation d’énergies fossiles, loin d’être remplacée, continue elle-aussi de progresser. Il est prévu que la consommation énergétique mondiale augmente de 50% d’ici à 2030, essentiellement grâce à la progression de la production de charbon, de gaz et de pétrole. Malgré des investissements massifs, les énergies renouvelables ne constitueraient alors que 2% de la consommation totale. [1] Cette perspective, prise come référence par l’Agence Internationale de l’Énergie, est apocalyptique. Elle a néanmoins le mérite de montrer que les beaux discours sur les énergies renouvelables servent plus à légitimer une croissance généralisée de la production d’énergie qu’à sauver le climat.


A Bali et à Poznan, les négociations ont visé à introduire de nouveaux secteurs dans le commerce du carbone : les forêts (via le mécanisme intitulé REDD) et les terres agricoles. Une entreprise polluante en Europe pourra choisir de ne pas réduire ses émissions et compenser en achetant des crédits-carbone à une entreprise en Indonésie qui possède une forêt. D’ores et déjà et alors même que l’accord n’est pas encore signé, des investisseurs en recherche d’un placement « durable » commencent à acheter des territoires entiers au détriment des populations qui les habitaient. [2] Ils vendent ensuite les crédits-carbone sur des marchés volontaires et font double-profit en commercialisant le bois. La protection de l’environnement est en quelques années devenue l’alibi le plus commun pour expulser des communautés et laisser la place libre aux multinationales. Alors qu’en 2008 40 milliards d’ha de terres ont déjà été accaparées par les multinationales et certains pays [3], Kyoto va encore accélérer l’expropriation des territoires des populations rurales.


Pauvres et coupables


Le changement climatique et le commerce du carbone n’offrent pas seulement la possibilité pour les grandes entreprises de s’emparer des richesses du monde, ils permettent aussi de justifier auprès des travailleurs le retour de la rigueur. À Poznan lors du sommet sur la climat de 2008, de grandes pancartes affichées dans la gare centrale présentaient les 10 Commandements du 21ème siècle. On pouvait lire : « Ne prends pas l’avion, Recycle, Utilise le vélo plutôt que la voiture, Évite tous les produits avec emballage plastique, Évite tous les produits venant de loin, N’achète pas à moins d’être sûr que tu as besoin de ce produit, Ne produis pas plus de deux enfants, Ne fais rien qui nécessite des terres ou de l’eau jusqu’ici non-utilisées, Suis tous ces commandement de façon facile et économique, pour toi et les autres ».


Chacun sait que les grands de ce monde ne fréquentent pas les gares, ce message ne leur était donc évidement pas destiné. Pendant qu’on s’évertue à convaincre la population de changer ses ampoules et de fermer le robinet pour se brosser les dents, d’autres peuvent tranquillement continuer leur travail de pillage de la planète. Et nous faire la leçon pour accepter une petite réduction salariale, quelques heures de travail en plus, au nom de la simplicité volontaire et de la solidarité avec les ours polaires.


Cet accaparement massif des richesses et le démantèlement des politiques sociales ont conduit à une explosion de la misère dans le monde. Un tiers des urbains habitent maintenant dans des bidonvilles et un milliard de personnes ont faim (un milliard !). Jamais le fossé entre les plus riches et les plus pauvres n’a été si gigantesque. Le terme « pays en voie de développement » cache pudiquement une vérité autrement plus crue : la pauvreté s’accroit. Dans le Sud, mais aussi dans nos pays soi-disant prospères.


Toujours plus de profits pour une catastrophe toujours plus proche


Pour une fois, soyons clairs : la crise climatique n’est qu’un aspect de la crise environnementale globale, qui elle-même n’est que le résultat de l’accaparement et de la surexploitation des richesses naturelles par une poignée d’entreprises multinationales dans le seul but de faire du profit. La surconsommation des ressources naturelles, et notamment des énergies fossiles, ne visent pas à alimenter, chauffer, abriter les gens, bref, à répondre aux besoins des populations, mais à produire des voitures, des gadgets, du soja transgénique, des voyages aux îles Baléares, pour nourrir la croissance mondiale. Nous pillons la planète pour produire de l’inutile ! Et cela alors même qu’une personne sur six ne mange pas à sa faim ! Le monde regorge d’assez de richesses pour assurer à 9 milliards d’êtres humains une vie digne, mais pas pour produire toujours plus de biens superflus dans le seul but de garantir la pérennité d’un système économique et financier basé sur la rémunération du capital (les taux d’intérêt sont le premier maillon qui justifie la croissance économique).


La question posée par le changement climatique est donc celle du partage des richesses. Kyoto, de même que l’accord proposé à la signature à Copenhague, accroissent l’inégalité de l’accès aux richesses naturelles en accélérant la privatisation du monde. C’est pour cela que ces accords sont pour nous inacceptables.


Changeons le système, pas le climat !


C’est sous ce slogan que manifesteront le 12 décembre les partisans de la « justice climatique ». Une manifestation pour dire NON aux fausses solutions présentées dans le sommet officiel - non au commerce du carbone, non aux agro carburants, non au nucléaire,... -, mais aussi et surtout pour proposer de vraies solutions. Le 16 décembre, Climate Justice Action tentera de s’emparer de la conférence pour y donner la parole à celles et ceux, peuples autochtones, paysan-ne-s, femmes rurales, pêcheurs artisanaux, qui depuis des millénaires contribuent par leur travail à stocker du carbone dans les sols, à renouveler la biodiversité, à prendre soin de l’eau, tout en produisant ce dont les communautés ont besoin pour bien vivre.


Les solutions face à la crise climatique ne requièrent ni de haute-technologie ni des sommes d’argent colossales ; elles demandent de la volonté et du courage politique. En lieu et place du commerce du carbone, quatre priorités devraient s’imposer pour faire face à la grave crise actuelle :


-  La réforme agraire, c’est à dire la redistribution des ressources naturelles telles que la terre, l’eau et les semences, au bénéfice des populations. En 2006, lors de la Conférence Internationale sur la Réforme Agraire et le Développement Rural, 92 pays se sont mis d’accord sur la nécessité de relancer le processus de réforme agraire dans le monde. Cependant, l’opposition farouche de l’Union Européenne et des États-Unis a bloqué tout progrès dans ce sens depuis lors.


-  La relocalisation de la production, et notamment de la production alimentaire, en appliquant la souveraineté alimentaire et énergétique. Le transport des marchandises tient une place importante dans les émissions de gaz à effet de serre ; il faut donc soutenir les productions locales, nationales et régionales et autoriser la protection des marchés. L’OMC doit être démantelé et les accords bilatéraux de libre-échange stoppés.


-  L’annulation de la dette des pays pauvres, qui les contraint à favoriser les productions d’exportation au détriment du bien-être de leurs populations.


-  La réforme totale du système financier avec notamment l’interdiction pour les banques de créer de la monnaie via le crédit.


Nos gouvernements actuels, englués dans la corruption, ne sont pas ceux par qui le changement aura lieu. Ils jouent tout juste le rôle de marionnettes dociles aux mains du pouvoir économique et financier. L’enjeu majeur des mobilisations de Copenhague est de bouleverser le rapport de force entre les multinationales et les populations, de reprendre le pouvoir (Le nom de l’action du 16 décembre est « Reclaim Power ! »), de mettre en lumière la duperie monstrueuse que représente Kyoto et le marché du carbone pour que des milliers, des millions de personnes, rejoignent les luttes pour la réappropriation des territoires, des savoirs, pour des vies dignes et solidaires.


Décembre 2009 n’est qu’une étape dans le processus de renforcement de ce mouvement. Qu’un accord soit signé ou non à Copenhague, nous sommes maintenant en marche. ››


‹‹ Paris, le 22 septembre 2009 - Alors que se tient aujourd’hui le sommet de l’ONU sur le climat qui réunit une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement, les Amis de la Terre publient une étude accablante : Institutions financières internationales et climat : la grande hypocrisie. L’ONG révèle que si les dirigeants mondiaux multiplient les déclarations annonçant leur volonté de lutter contre les changements climatiques, ils continuent à financer massivement les énergies fossiles et les industries les plus émettrices de CO2 à travers les institutions financières internationales (IFIs) dont ils sont les actionnaires. Le rapport épingle les activités de deux des plus grosses IFIs, la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement (BEI). Les Amis de la Terre demandent à la France, qui a un poids crucial au sein de ces institutions, de prendre des mesures pour mettre en cohérence les actions des IFIs et ses promesses en matière de lutte contre les changements climatiques. ›› lire la suite - La Grande Hypocrise.pdf


En juin 2009, en collaboration avec le réseau international BankTrack, les Amis de la Terre dénonçaient les investissements controversés de 13 banques européennes : Secrets bancaires : les banquiers se mettent à nu ! (via leur site internet www.secretsbancaires.fr). D’après Yann Louvel, chargé de campagne Finance privée aux Amis de la Terre : ‹‹ l’étude menée au sein du réseau BankTrack dévoile les liens financiers entre des grandes banques européennes et des entreprises blacklistées soutenant des dictateurs et provoquant des dégâts environnementaux irréparables ou produisant des armes aveugles, telles que les bombes à sous-munitions. Les 13 banques étudiées ont ainsi octroyé 11,4 milliards d’euros de prêts et organisé et émis des actions et des obligations pour un montant total de 10,5 milliards d’euros. En outre, elles détiennent ou gèrent pour compte de tiers 17,7 milliards d’euros dans ces mêmes entreprises, soit une implication totale de plus de 40 milliards d’euros au cours des 4 dernières années… Les banques françaises font bien pâles figures puisqu’elles sont le plus impliquées dans ces projets controversés en Europe! ››


Selon Eric Eustache, président de Little Green Capital : ‹‹ La question de la justice climatique est un problème difficile à apprécier pour nous, gens du Nord, riches, bien portants et encore peu impactés par les manifestations du changement climatique. Bien sûr nous avons eu notre lot de drames : hécatombe de l’été 2003, baisse régulière des pluies dans le middle-west américain ou incendies géants en Espagne, en Californie ou en Grèce. Mais ces incidents, aussi graves qu’ils aient été, n’ont finalement rien changé à nos modes de vie ni à notre qualité de vie. Pour l’habitant des villes, le seul inconfort perceptible c’est la chaleur, l’été, dans son appartement, contre laquelle il lutte maintenant avec un climatiseur (et tant pis pour le CO2). Quant au paysan du Sud-Ouest, il sait qu’il ne devrait plus arroser en plein soleil et qu’il faut remplacer le maïs par le millet, plus adapté à la sécheresse. ›› lire la suite


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Les dérives de la neutralité carbone : Croissance Verte


Extrait de l'article paru dans Libération du 10 novembre 2005 (toujours visible à ce lien : Ambassade du Brésil - Novembre 2005)

La pollution, une bénédiction pour les finances de Rhodia : ‹‹ Les analystes parient sur un redressement à long terme de l'entreprise. Surtout, ils spéculent sur le jackpot que pourraient constituer pour Rhodia ses droits à polluer, acquis grâce au protocole de Kyoto. Ils pourraient rapporter 200 millions d'euros par an. C'est grâce à deux sites industriels hautement polluant présents au Brésil et en Corée du Sud que Rhodia devrait profiter à plein de la «finance carbone». Kyoto contraint les entreprises des pays développés à réduire d'ici à 2012 leurs émissions de gaz à effet de serre. Et offre aussi la possibilité aux firmes ayant réduit leur pollution de vendre des crédits d'émission à celles n'ayant pas fait un tel investissement. Depuis le début de l'année, un marché des droits à polluer s'est donc constitué. Dans ce contexte, Rhodia a annoncé hier qu'il devrait à partir de 2007 obtenir, de la part de l'administration de l'ONU gérant Kyoto (l'UNFCC), entre 11 et 13 millions par an de crédits d'émission de CO2, dits crédits MDP (pour mécanismes de développement propres). ››


12.12.09

La FNE et le ROC vus par Fabrice Nicolino

Rien ne va plus à France Nature Environnement (sur la forêt)


‹‹ Je vous prie de faire circuler ce texte dans tous les réseaux que vous connaissez, car l’ignorance est la pire des entraves.


Comme je souhaite être aisément compris, on me pardonnera de récapituler nombre d’articles précédents de Planète sans visa. Ce qui nécessite, avant de délivrer l’information du jour, si dérangeante, d’en revenir au passé. France Nature Environnement (FNE) est la grande fédération de protection de la nature en France. Héritière des sociétés savantes de professeurs du XIXème siècle, elle a pris son essor après les événements de mai 1968, rencontrant alors une jeunesse vivante et insolente qui allait créer ou vivifier quantité de structures locales et régionales. C’est ainsi qu’est née la Frapna, dans la région Rhône-Alpes. C’est ainsi que se renforça Bretagne Vivante, ci-devant la SEPNB.


Chaque région compte une structure à sa dimension qui rassemble la plupart des associations locales de protection de la nature. Et à Paris, longtemps abritée par le Muséum national d’histoire naturelle, FNE s’est imposée comme la fédération de ces fédérations régionales. Comme une représentation centralisée des actions menées sur le terrain. Avec un conseil d’administration censé représenter les provinces. Bon, ce que je pense, et que j’ai déjà beaucoup écrit, c’est que FNE, dont les finances sont essentiellement liées aux relations entretenues avec le ministère de l’Écologie et l’État, s’est simplement bureaucratisée. Cela arrive partout, presque toujours. Il arrive un moment  où seul un grand coup de torchon peut permettre de revitaliser le malade.


Seulement, certains peuvent avoir intérêt à ce que la maladie perdure, ou s’aggrave. Un groupe qui ne compte pas plus de dix personnes ne souhaite visiblement pas qu’on puisse venir déranger son étonnante gestion de la structure. J’ai écrit une série au vitriol sur FNE, et j’invite ceux qui auraient le temps à y jeter un regard (ici en quatre parties). Ils y verront jusqu’où sont allés certains responsables dans l’aide concrète à la déforestation massive dans les forêts tropicales du monde. Celles dont on parle avec des trémolos du haut des tribunes.


Je ne sais pas s’il existe un lien, fût-il ténu, mais je dois avouer que je l’espère. Cette série d’articles a beaucoup circulé, et j’en suis heureux, car tel est bien mon rôle : rendre publiques des informations qui ne trouvent pas leur place dans l’univers des médias officiels. Et même si je n’y suis pour rien, je suis de toute façon satisfait de voir enfin bouger les choses. D’abord, sur la forêt. Les mamours que la bureaucratie de FNE accorde aux gestionnaires et proprios de la forêt française semble n’avoir plus de limites. Dans un document non public, je lis des choses incroyables à mes yeux. Il s’agit d’une version très avancée d’un protocole d’accord - à l’heure qu’il est, il est probablement signé - entre FNE, la Fédération Nationale des Communes Forestières de France (FNCOFOR), les Forestiers Privés de France (FPF) et enfin l’Office national des forêts (ONF).


Les trois derniers cités sont évidemment les acteurs majeurs de la sylviculture en France. Leur point de départ et d’arrivée est le même que celui des zootechniciens dans le domaine de la bidoche industrielle : comment gagner le plus possible d’argent avec un minimum d’investissements et d’emmerdements. Parapher un texte avec ces gens-là pourrait avoir un sens s’il s’agissait de les amener, de gré ou de force, sur le chemin de la protection. Mais c’est exactement l’inverse qui s’est produit. FNE, obsédée par la reconnaissance, et tout ce qui peut l’accompagner, FNE a contresigné un texte indigne.On y parle de la forêt, lieu de beauté et d’harmonie, dans la langue épouvantable de l’adversaire. Car, désolé, il reste des adversaires. Deux exemples, parmi tant d’autres : « La mobilisation des stocks en forêt offre un potentiel de développement de la production de bois, matériau ou source d’énergie (…) Le prix des énergies fossiles est tendanciellement haussier, même si des fluctuations parfois brutales se produisent. Cette évolution donne une nouvelle valeur au bois énergie et permet l’émergence d’exploitations jusqu’ici non rentables ».


Ce ton me donne envie de vomir. FNE est donc d’accord pour « exploiter » des forêts jusqu’ici épargnées. Au nom de la « rentabilité ». Beuark ! Second extrait : « En dehors des réserves intégrales, nécessaires pour étudier les dynamiques naturelles, les forêts françaises ont vocation à être gérées pour optimiser les différents usages et assurer le renouvellement des peuplements ». Lisez, je vous en prie, avec moi. Sachez, avant tout, que les réserves intégrales sont des confetti. Peut-être quatre mille hectares dans toute la France, à comparer aux près de 16 000 000 d’hectares de forêts que compte notre pays. Donc, rien. Mais ce n’est pas encore suffisant, car il est précisé que le rôle de ces malheureuses réserves est seulement « d’étudier les dynamiques naturelles ». Pas de laisser des lieux uniques à la postérité et à l’admiration, oh non ! Étudier. Étudier quoi ? Mais bien entendu le moyen de « gérer » tout le reste. Ce bout de phrase, à lui seul, légitime l’irruption de la tronçonneuse dans pratiquement toutes les forêts de chez nous. Sous la signature de FNE. Quand les choses sont à ce point devenues folles, il ne reste plus qu’à crier : Au fou !


Cette régression n’a heureusement pas échappé à tout le monde. Dans la région Rhône-Alpes, où tant de valeureux militants de la nature - eh, Daniel Ariagno, vive le pont de l’Université ! -  se battent depuis des décennies, l’accord entre FNE et tronçonneuse ne passe pas. Du tout. Six, parmi les plus valeureux, membres du réseau Forêts de FNE (via la Frapna), viennent d’envoyer ce qu’il faut appeler une lettre de révolte et de rupture. Leurs noms sont connus dans tout le milieu naturaliste, et je les salue d’un bravo : Pierre Athanaze, Philippe Lebreton, Gilbert Cochet, Hubert Tournier, Jean André, Philippe Cochet. Je vous mettrai dans la partie Commentaires, ci-dessous, le texte intégral, pour que vous puissiez juger par vous-même. Et me contenterai de quelques extraits, qui résonnent comme autant de coups de bâton :


« Nous sommes (à moitié) étonnés, mais stupéfaits et attristés de constater la dérive de ceux qui, loin du terrain, recherchent un “consensus forestier à tout prix”. Une première remarque, plus que symbolique, est que, dans les trois documents du projet de plateforme couvrant 15 pages, n’apparaissent à aucun moment les mots-clés NATURE et PROTECTION : les avez-vous oubliés, devrions-nous en avoir honte ? Nous pouvons en un sens vous remercier de les abandonner à notre usage ; ce sera déontologiquement plus clair.


« Puisque la collaboration avec le monde forestier vous paraît normale et riche de perspectives, pourquoi ne pas faire de même avec AREVA ou le CEA, tellement soucieux eux aussi, dans leurs discours, de croissance verte et de développement durable, tellement convaincus d’apporter la solution au réchauffement climatique ? Dans les deux cas, depuis le Grenelle, ne serions-nous pas abusés puis récupérés par des intérêts technocratiques, corporatistes  et pseudo-économiques ? ».


Je pense que tout est dit, et bien dit. La critique ne vient plus seulement d’un écologiste isolé que l’on traite par le mépris du silence - moi -, mais désormais de l’intérieur le plus profond du mouvement bureaucratisé. La rébellion des six annonce d’autres craquements. J’ai une autre histoire à raconter sur le même sujet, mais il faudra attendre un jour ou deux. Elle concerne la Ligue ROC, qui s’appelait jadis le Rassemblement des opposants à la chasse (ROC), du temps où l’immense Théodore Monod en était le président. Comme vous le verrez, les choses ont changé, et de manière désastreuse. La Ligue ROC, je le précise, est l’un des socles de FNE. Elle a perdu toute légitimité populaire, mais sa puissance augmente d’année en année. Il faut dire que dans le même temps, elle n’a cessé de se rapprocher des ors de la République, petits fours compris. Ceci explique peut-être cela. La suite bientôt. ››


Un autre regard de Fabrice Nicolino, cette fois-ci, sur le ROC (Rassemblement des Opposants à la Chasse) :

Mésaventures du ROC (de Théodore Monod à Hubert Reeves)