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4.12.10

Environnement et cancer : résultats explosifs de l'enquête ‹‹assiette toxique››


Les associations Générations Futures (anciennement MDRGF) et HEAL viennent de publier les résultats d'une première étude sur la présence de substances chimiques dans notre alimentation.

Résultat de l'analyse d'un menu-type sur une journée : « 128 résidus chimiques provenant de 81 substances différentes dont 42 cancérigènes possibles ou probables et 5 cancérigènes avérés, ainsi que 37 perturbateurs endocriniens (PE) ». François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, reconnait que ces résultats « n’ont pas une puissance statistique suffisante pour être publiés dans un article scientifique » mais qu’ils illustrent pleinement la problématique de notre alimentation chimique : « Tous les résidus ont été retrouvés à des concentrations inférieures aux limites réglementaires. Ce qui nous préoccupe c’est l’effet additif des mélanges de substances, non évalué à ce jour et absent des législations françaises et européennes »

D'autres études vont suivre dans le cadre de cette nouvelle campagne Environnement et Cancer lancée par ces deux associations, avec l'aide du WWF France et du Réseau Environnement Santé. Cette campagne a pour but de faire pression sur les pouvoirs publics afin d'interdire des pesticides et additifs cancérigènes et perturbateurs endocriniens, une noble croisade qui s'annonce difficile au moment où l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) nous informe dans son communiqué du 3 décembre que 16 substances chimiques très préoccupantes pourraient se retrouver sur la liste d'autorisation de Reach.

Il nous reste à espérer que cette nouvelle action soit entendue car lorsqu'il s'agit de faire obstacle à d'énormes enjeux financiers, nos décideurs politiques s'égarent... les algues vertes en Bretagne sont un exemple récent qui confirme une fois de plus que les catastrophes écologiques et sanitaires sont pilotées depuis les chambres d'agricultures sous pression des lobbies agro-chimiques.

En attendant d'autres résultats sur menus toxiques.fr, bon appétit !


Un peu d'infos


Lettre ouverte du Pr. Belpomme aux candidats à l’élection présidentielle  Environnement et santé sont indissociablement liés. La pollution chimique engendrée par les activités humaines génère des maladies telles que les cancers, malformations congénitales, stérilités, allergies, l’autisme, la maladie d’Alzheimer... Aujourd’hui, la contamination des nouveaux nés par une multitude de substances chimiques cancérigènes, mutagènes et/ou reprotoxiques (CMR), compromet gravement la santé future de nos enfants. Il y a urgence à agir pour réduire la pollution chimique, mais aussi éviter la crise de l’énergie qui s’annonce et le piège de l’effet de serre, avant qu’il ne se referme sur l’humanité et la condamne définitivement. Des mesures concrètes existent et doivent être mises en œuvre par les responsables politiques. Elles sont présentées dans le livre intitulé Avant qu’il ne soit trop tard - Santé, environnement : un programme d’union nationale, paru en février 2007 aux éditions Fayard, et dont la lettre ouverte ci-jointe constitue l’épilogue.


Interview du Pr. Belpomme  Dominique Belpomme, professeur de cancérologie à Paris, explique quels sont les risques sanitaires liés à l’épandage de produits chimiques non contrôlé sur des terres agricoles :
Y a-t-il des herbicides chimiques sans danger pour l’homme ? ‹‹ Je n’en connais pas. Je ne connais pas de pesticide sans risque pour la faune, la flore et la santé humaine. Par définition, d’ailleurs, un pesticide entre dans le cadre des biocides, du latin “qui tue la vie”. Les herbicides, raticides, fongicides et autres insecticides sont tous des pesticides, un terme qui étymologiquement veut dire “qui supprime la peste”. Les premiers pesticides chimiques ont été créés dans les années 1930, grâce à la recherche sur les armes chimiques durant la Première Guerre mondiale. Les industriels les ont baptisés du nom politiquement correct de “produits phytosanitaires”. Les plus dangereux étaient les organochlorés (aujourd’hui interdits), puis il y a eu les organophosphorés et maintenant d’autres dont on ne connaît pas encore tous les effets secondaires, comme le Roundup, à base de glyphosate. ››
Quelles peuvent être les conséquences des épandages aériens de pesticides qui ont lieu dans la vallée du Rif ? ‹‹ C’est scandaleux, inacceptable ! Il y a d’abord les conséquences sanitaires. Cela va contaminer les habitants, même ceux qui ne se trouvaient pas directement dans la zone visée, car les neuf dixièmes du produit restent dans l’air. Puis cela va contaminer les eaux (les puits, l’oued), sachant que certains pesticides ont une rémanence de près de cent ans. Dans le cas du Roundup, il n’y a aucun moyen de le dégrader ! Ainsi, l’herbicide va également contaminer les sols, les rendant infertiles. En tuant les bactéries, les champignons, les insectes, les vers qui fabriquent l’humus, il stérilise les sols. L’abus de pesticides est un véritable crime contre l’humanité… ››




Les conséquences sociales et écologiques de l'agriculture intensive : Epidémies de ''vache folle'', pollution par les pesticides, tomates insipides, poulet à la dioxine, dumping dans les pays du Sud... Partout sur la planète, la course au rendement et la recherche du profit maximal produisent des effets dont il n'est pas sûr que nous mesurions l'ampleur. L'agriculture de destruction massive : à télécharger ici.




‹‹ LE VILAIN PETIT ECOLO  A Marsac, en Charente, Richard Wallner rêvait d’agriculture biologique. C’était compter sans la fronde du maire, adepte d’une production intensive. Retour sur une zizanie locale. Il a baptisé son domaine « le petit colibri », en hommage à une légende amérindienne qui veut que lors d'un incendie, seul le minuscule oiseau ait combattu le feu malgré les railleries des autres animaux, tétanisés par la peur. Bonnet vissé sur la tête, Richard Wallner fait visiter les neufs hectares de terres biologiques, situées à la sortie du village de Marsac, en Charente (16), qu’il tente de cultiver depuis 2005. Un changement de vie radical pour cet ancien Parisien, ingénieur en microélectronique, désabusé par sa vie de cadre stressé. Le trentenaire aspirait à la quiétude. A peine installé dans un appartement du bourg, il découvre un monde hostile. D'emblée, les rapports avec le maire, Jean-Marie Acquier, un enfant du village, maïsiculteur, éleveur de cochons hors-sol et adepte de la production intensive, sont électriques.  Les deux hommes ont une vision très différente de l’agriculture. (…) ››  lire la suite


Que sont nos fruits et légumes devenus ?
Auteur : Jackie Péric-mercier

incroyable disparition de nombreuses espèces végétales est due à la réussite d'une seule espèce : l'Homme. Qui, par la pollution qu'il occasionne, la surexploitation qu'il valorise et le réchauffement climatique qu'il génère, a perturbé l'écosystème à un rythme cent fois supérieur au cours naturel d'extinction. Ajoutons à cela un appauvrissement des espèces végétales comestibles savamment orchestré.

La perte de la biodiversité s'accélère à une vitesse jamais enregistrée dans l'histoire de la planète. Depuis que la machine a remplacé le muscle, l'homme a intensifié l'agriculture. Pour produire plus de variétés ? Non, par souci de rendement ! Et cette production intense, portant le nom pervers de « révolution verte », se définit en cinq points : monoculture, haut rendement, engrais chimiques, pesticides et mécanisation.

Peu à peu, les fruits et légumes que l'on caractérisent aujourd'hui d'anciens, ont laissé leur place à de nouvelles variétés à haut rendement. Les espèces liées à l'agriculture extensive ont régressé au fur et à mesure que le marché mondial des semences est devenu un enjeu économique colossal.

Tomate, pomme, patate se conjuguent au singulier

Les multinationales  procèdent à une sélection des espèces végétales massivement commercialisables, ce que l'on peut constater des jardineries jusqu'aux supermarchés : les graines sont le plus souvent des produits hybrides. Comment les reconnaît-on ? Au calibrage quasi parfait des produits, à la couleur intense, mais surtout à leur beauté malgré les semaines qui passent. Le meilleur exemple étant la tomate. Posez-la dans votre frigo et trois semaines plus tard, elle n'aura pas changé d'aspect !

Et c'est sans compter sur la perte de la biodiversité : alors qu'il existait plus de 7 000 variétés de tomates au début du siècle dernier, l'Union Européenne en dénombre à peine 150 de nos jours, dont 70 à peine sont commercialisées. Et sur nos étals, à peine 5 co-habitent !

Autre fruit, même constat : la pomme. Au début du 20e siècle, la France pouvait s'enorgueillir de 3 600 variétés de pommes. Aujourd'hui, seule un petite dizaine est présente sur les étals de nos marchés.

Même la pomme de terre n'a pu échapper au sort de l'agriculture intense : le meilleur exemple de cette standardisation se trouve chez Mac Do', dont les frites qui alimentent les fast-foods du monde entier sont faites à partir des 4 mêmes variétés de pommes de terre.

Les inconvénients pour l'homme et la planète sont multiples : pour toujours produire plus, les produits de l'agriculture intensive contiennent de nombreux pesticides, ce qui provoque une perte de vitamines, un manque de goût, sans parler des risques pour l'environnement et pour la santé de l'homme.

Plaire à l'Homo Economicus

En cultivant des espèces calibrées et à haut rendement, les multinationales et les supermarchés ont réussi à standardiser notre alimentation au détriment de la biodiversité. Ce qui leur permet de réaliser des économies conséquentes, mais également la création d'un profil idéal de consommateur-type.

La course au rendement pour les uns et la culture de surconsommation pour les autres ont conduit l'Homo Economicus à modifier son comportement et ses habitudes alimentaires. Ce n'est plus la nourriture qui grignote le budget familial, mais les dépenses afférentes au logement et aux transports. Si la nourriture arrive en 3e position, c'est à coup de changements conséquents : la consommation de viandes et produits industriels augmente, tandis que celle des fruits et légumes diminue.

Ainsi, une étude du CREDOC révèle que 25% des Français ne consomment pas de fruits et légumes frais, à cause de leurs prix jugés trop élevés. Si le prix de ces denrées a effectivement augmenté, les comportements ont beaucoup évolué. La preuve : ces consommateurs, freinés par des pommes à 3€ le kg n'hésitent pas à dépenser 100 € dans un nouveau téléphone mobile. C'est sans comparaison, vous diront-ils !

Mais ont-ils conscience que leur comportement a une incidence sur la biodiversité ? Car pour produire 1 kg de viande, il faut 7 kg de céréales. Avec un demi hectare de terre cultivable, on peut produire 70 kg de bœuf… ou 10 000 kg de pommes de terre. Pour les multinationales, qui raisonnent en terme de rentabilité financière à court terme, le choix est vite fait ! Et les consommateurs sont les pions de cette société de consommation dans laquelle valeurs et jugements sont faussés.

Une alternative en faveur de la biodiversité

Moins de goût, moins de vitamines, moins de choix, plus de pesticides : c'est ce qui pousse de plus en plus de consommateurs vers les aliments biologiques. Et pour combler le trou dans leur porte-monnaie, de plus en plus de personnes ont réhabilité le potager.

Il suffit d'un petit espace dans le jardin ou sur le balcon pour cultiver ses propres fruits, légumes et aromates.Les jardins municipaux ou communautaires sont de plus en plus prisés. Car c'est l'occasion rêvée de découvrir les légumes anciens. Personne ne pourra nier qu'un plant de tomates, entouré de basilic et d'œillets, est aussi décoratif qu'un bambou !