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31.7.08

Une Fondation aux bonnes intentions dérape

Cette fois-ci, je vais vous parler de la Fondation Iguana Verde. Cette fondation, située dans le Refuge National de Vie Sylvestre Gandoca-Manzanillo au Costa Rica, participe à la préservation des iguanes verts, espèce en voie d'extinction. Autrefois nombreux dans le Refuge mais recherchés pour leur chaire délicieuse, ils peuvent être, aujourd'hui, plus aisément observés dans les assiettes. Au Costa Rica, comme ailleurs, les aires protégées ne sont que des décrets sur papier mais la réalité est toute autre sur le terrain où le concept de "protection" échappe totalement aux administrations responsables. La Fondation Iguana Verde est un exemple du laxisme des autorités en gardant des iguanes en captivité à l'intérieur d'un refuge national car la "Loi Générale de Vie Sylvestre" interdit toute captivité d'animaux sauvages à l'intérieur des aires protégées. Mais ces emprisonnements sont généralement couverts par des autorisations plus où moins légales, parfois "coûteuses" (selon la taille du projet).


Mais revenons à la Fondation Iguana Verde créée en 2001 par Monsieur Edsart Besier, d'origine hollandaise. Après avoir vendu sa propriété à Manzanillo où il vivait, Edsart a acheté un terrain en bord de mer à Punta Uva où se trouve actuellement sa fondation et son lodge.


Premier hic : Le projet d'Edsart n'a pas respecté toutes les lois du Plan d'Aménagement du Refuge, des lois qui peuvent paraître insignifiantes comme un retrait obligatoire de 15 mètres de la route pour toute construction, mais qui sont en réalité indispensables à la conservation de la vie silvestre.


Deuxième hic : En 2005, le Refuge Gandoca-Manzanillo a connu des déboires législatifs qui n'ont toujours pas été résolus à ce jour. L'administration du Refuge n'émet donc plus de permis de construire depuis 2005. Et pourtant, ces dernières années, le Lodge Tree House d'Edsart s'est agrandi, de nouvelles maisons de location ont poussé à côté de la fondation. Sur le site, il est indiqué que le Lodge a entièrement été constuit de "bois durables" provenant de la forêt tels que le Nispero, le Casha et le Manikara et qu'aucun arbre n'a été coupé, tous étaient tombés. Seulement, ces bois sont des bois précieux que l'on ne trouve pratiquement plus dans le Refuge Gandoca et la récupération d'arbres au sol y est totalement interdite. Tristement, Edsart n'est pas au fait des lois de protection environnementale et ignore le rôle essentiel du bois mort en forêt.


Troisième hic : Au Costa Rica, la frange côtière, dénommée ZMT (zone maritime terrestre), fait partie du patrimoine national. Elle est divisée ainsi : les 50 premiers mètres sont inaliénables et donc publics et les 200 mètres suivants sont octroyés sous forme de concessions dont l'exploitation est soumise aux strictes dispositions de la loi sur la ZMT, dispositions qui frôlent la protection absolue de la nature. Et pourtant Edsart a pu acheter une concession, dont il revend aujourd'hui une partie 1,5 million de dollars, après y avoir construit la villa "Beach Suite". Quand la nature rapporte...


Acheter une concession ou construire avec de vrais-faux permis (ou sans permis) n'est pas choquant au Costa Rica. En toute impunité, les spéculateurs achètent et revendent la côte. Le pays a depuis les années 90 perdu le contrôle de celle-ci et régularise décret par décret une situation devenue ingérable, protégeant ainsi les grands complexes touristiques dont les associés sont souvent d'anciens ou actuels dirigeants politiques costariciens... Quant à la corruption, elle n'est pas différente des autres pays.

Ce qui me choque, c'est l'attitude d'Edsart : nous avons, d'un côté, un investisseur qui n'hésite pas à agir au détriment de l'environnement, et d'un autre côté, un personnage qui utilise des donateurs pour maintenir un projet de préservation... Et bien sûr, si vous séjournez au Tree House Lodge, une partie des bénéfices seront reversés à sa Fondation et vous aurez droit à la visite gratuite de la prison légalisée des iguanes.


Ce qui m'attriste vraiment, c' est que je vis dans ce Refuge, j'ai adapté ma vie à la nature et non la nature à ma vie, et j'ai la chance de pouvoir observer des iguanes verts. Actuellement, quatres nouveaux-nés passent leurs journées près de ma maison. Si Edsart laissait son terrain se régénérer plutôt que d'y construire des villas hors normes, il pourrait profiter des iguanes sans avoir à les enfermer. Se pencher sur le respect des lois pourrait être un combat plus qu'intéressant pour une association en manque d'idée.


Il est à souhaiter que les voisins de la Fondation respectent la nature et les lois environnementales, sinon je ne vois pas comment celle-ci pourra atteindre son objectif : "L'objectif principal est la reproduction, l'élevage et la libération postérieure de l'iguane vert en forêt, dans le Refuge de vie sylvestre Gandoca-Manzanillo qui présente une sécurité".


Sur son site internet, la Fondation qualifie le Refuge National de "maison des iguanes verts" tandis que sur les sites immobiliers, son fondateur met en vente son projet "maison & jardin" sur la frange côtière du Refuge, c'est pathétique.


En conclusion, si vous souhaitez aider les iguanes verts, agissez en touriste responsable. Plutôt que d'engraisser un investisseur hollandais, participez au programme de restauration "Green Iguana" dans la Réserve Indigène Kekoldi. Les objectifs de l'Association Kekoldi sont la récupération de terres indigènes actuellement aux mains de personnes et groupes étrangers, la préservation de la forêt primaire et l'amélioration de la qualité de vie des habitants à l'intérieur du territoire indigène. L'association a déjà récupérée 140 hectares de forêts primaires et aires agricoles et sa reproduction d'iguane vert est une grande réussite (plus de 20.000 spécimens jusqu'à présent).


Les volontaires sont les bienvenus

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