L'émouvant discours (si bien rédigé) du président costaricien Oscar Arias sur le changement climatique le 22 septembre dernier face aux représentants de l'ONU, a provoqué des réactions au Costa Rica. Si le Président tient des discours pro-environnement à l'extérieur de son pays, il reste cependant l'ennemi nº1 de l'environnement à l'intérieur de son pays. Préserver les forêts, créer plus d'aires protégées et impulser un développement durable sont les recommandations d'Arias mais pas les priorités de son gouvernement.
Rodrigo Cabezas, un docteur de la banlieue d'Alajuela, s'est rendu à New-York, durant la visite du Président Arias, pour protester devant l'ONU contre la politique internationale et nationale du Président.
"Président Arias : Faites dans votre propre pays ce que vous prêchez dans le monde"
Grettel Ortiz, députée à la Commission Permanente de l'Environnement à l'Assemblée Législative costaricienne, a récemment fait savoir au journal La Nación que les déclarations d'Arias en matière de protection environnementale étaient en totale contradiction avec la politique environnementale actuelle du gouvernement ; La députée a rappelé que la campagne "Paz con la Naturaleza" s'était traduite jusqu'à présent par l'impulsion d'exploitations pétrolières et de mines d'or à ciel ouvert provoquant la destruction de centaines d'hectares de forêt, et par un développement immobilier sur la frange côtière pourtant protégée. La députée a de plus souligné le manque de gestion des ressources hydriques du pays, certaines régions seront confrontées, dans un futur proche, à une pénurie d'eau potable si le gouvernement ne réagit pas. J'ai cru bon de traduire un extrait du commentaire de Grettel Ortiz :
‹‹ Mais dans cette trame de mauvaise télé-nouvelle, il manque l'épilogue. L'épilogue est d'informer la communauté environnementale internationale que le ministre de l'environnement de l'époque, Roberto Dobles, a dû abandonner son poste pour avoir enfreint la loi en autorisant l'exploitation du fleuve Aranjuez, permis qu'il a octroyé à une entreprise dirigée en partie par des membres de sa famille. Ce cas, toujours sous investigation par le Ministère Public qui axe l'enquête sur la résolution R-428-2006, a permis à la société Agricultura Mecanizada Chapernal d'exploiter gravier, sable et pierres du fleuve Aranjuez. Le principal actionnaire de cette entreprise est Jorge Dobles Sánchez, l'oncle de l'ex-ministre et cousin du président Óscar Arias Sánchez.
L'ex-ministre a été le protagoniste de la diminution des parcs nationaux, comme le démontre le projet de loi qui affecte le Parc Marin Las Baulas, en opposition aux discours du président Arias.
Lamentablement, le Président est tombé une fois de plus dans ses propres incongruités en citant Monsieur Dobles comme ambassadeur du changement climatique au Costa Rica. ››
Les dirigeants politiques veulent nous faire croire que leur conscience surpasse la politique économique mondiale même si leur train de vie ne correspond pas toujours à l'économie de leur pays (n'est-ce pas Oscar). De toute évidence, les conférences internationales se succèdent depuis des décennies et les débats se multiplient sans pour autant apporter de solutions concrètes.
Le discours d'Arias est disponible en espagnol et en anglais ici
L'opinion de Randall Arauz, président de l'association Pretoma ici (en espagnol)
Alternatives écologiques : Sortons de la logique du profit !
Polémiques à propos du Parc National Las Baulas
En 1990, lors de son premier mandat présidentiel, Arias reçut l'appui de plus de 150 experts internationaux de tortues marines pour protéger la plage de nidification du Parc National actuel afin d'empêcher un développement d'infrastructures côtier. Cinq ans plus tard, grâce à des fonds privés et internationaux, le parc national Las Baulas voyait le jour afin de protéger la tortue Luth (Baulas en espagnol). Depuis, l'UICN a identifié cette plage comme le site le plus important de nidification des tortues Luth dans le Pacifique Oriental.
Malgré plusieurs conventions internationales signées par le Costa Rica pour protéger cette espèce, dont la convention interaméricaine pour la conservation et protection de la tortue marine (CIT), le 14 mai dernier, un groupe de députés présentait un projet de loi visant à modifier les limites du Parc et le convertir en Refuge National de Vie Sylvestre Las Baulas. Cette réforme propose la création d'un refuge de propriétés mixtes (publiques et privées) afin de permettre la construction d'infrastructures touristiques sur la côte ainsi que des constructions privées. La réforme, qui a pour but de satisfaire des intérêts privés, provoque de nombreuses protestations dans le pays car si elle était adoptée, elle mettrait en péril l'une des dernières populations de tortues Luth du Pacifique. Paradoxalement, le Costa Rica a formellement sollicité le poste de Secrétaire Permanent de la CIT...
Government proposes refuge of mixed ownership for Las Baulas Park
Alerta por Parque Las Baulas y recurso hídrico de la zona
Masivo apoyo al Parque Nacional Marino Las Baulas
Campaña "¡Arias, deje a las Baulas en Paz!"
Expertos piden al presidente Óscar Arias Sánchez, salvar a las tortugas Baula
Tribunal Ambiental critica venta de tierras en Parque Las Baulas
Lettre de Todd Steiner, directeur et fondateur du Sea Turtle Resotration Project à San Francisco en Californie, adressée au Président Oscar Arias en réponse à son discours du 22 septembre dernier à l'ONU :
Climate Change Affects Sea Turtle Nesting Sites
1 commentaire:
C'est vraiment fatiguant, car l'environnement est devenu une "tendance" et les politiques veulent "préserver l'environnement" mais au final c'est généralement q'une image pour bien se faire voir!
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