Blog à vocation informative, à l'atmosphère parfois militantiste.

N'hésitez pas à laisser vos commentaires et états d'âme.

24.7.09

Industrie pétrolière et environnement, 10 ans plus tard

J'ai trouvé sur le site internet de l'Assemblée Nationale un rapport d'information datant de 1999, sur le rôle des compagnies pétrolières dans la politique internationale et leurs impacts sociaux et environnementaux. Nous pourrions penser que ce rapport appartient au passé et bien non ! Les lobbies pétroliers n'ont pas évolués.


Ce rapport traite du respect aléatoire des normes éthiques par les compagnies pétrolières et des conventions internationales bafouées (protection internationale des droits de l'homme, organisation internationale du travail, conventions antipollution et anti-corruption). Le modèle français est cité : le jeu trouble d'Elf au Congo, l'implantation controversée de Total en Birmanie, l'intervention de la justice dans les affaires Elf-Aquitaine et l'Etat, le défenseur des intérêts économiques des compagnies pétrolières françaises et quasiment inexistant dans l'application des normes internationales. Un chapitre est aussi consacré au lien entre rente pétrolière et guerre : "Une guerre pour le pétrole : la guerre du Golfe", "Pétrole et conflits dans la zone caspienne", "La guerre civile en Angola et au Congo-Brazzaville", "L'insécurité chronique dans le delta du Niger", "Rente pétrolière et délitement des Etats", "Les effets pervers de la rente pétrolière en Afrique du Nord et au Moyen-Orient"...


‹‹ "L'industrie pétrolière n'offre pas l'exemple d'une activité s'ouvrant spontanément aux investigations. C'est toujours avec une grande amabilité que les compagnies communiquent les renseignements demandés, mais l'on s'aperçoit très vite que le contexte permettant de juger ces informations, ou bien est tronqué, ou bien est faussé, ou bien fait défaut. Votre Rapporteur a été bien souvent fasciné par des déclarations présentées comme des évidences, des raisonnements donnant tout à fait l'impression d'être l'expression du pur bon sens, des affirmations la main sur le coeur ébranlant le plus sceptique des auditeurs, et qui se révèlent en fin de compte autant de fausses pistes, autant de traquenards intellectuels, autant d'inexactitudes. Avançant dans un labyrinthe dont il ne peut jamais avoir une vue d'ensemble, l'enquêteur ne sort de l'enlisement que pour se retrouver à son point de départ. On pourrait dresser une sorte d'itinéraire initiatique de l'industrie du pétrole au cours duquel il s'agirait d'échapper au lac des idées reçues, éviter de tomber dans la fosse du prix Rotterdam, maîtriser le dragon des degrés API, tenter de sortir intact de la Villa des rabais ; après avoir donné la bonne réponse au sphinx interrogeant tous les passants sur le montant du prix de transfert, parviendrait-on enfin à la Salle de vérité ? Rien n'est moins sûr." Tel était le sentiment exprimé au nom de la commission d'enquête sur les sociétés pétrolières opérant en France par Julien Schvartz dans un rapport célèbre déposé le 6 novembre 1974. Vingt-cinq ans plus tard, qu'en est-il ? La nature de leurs relations avec les Etats a-t-elle évolué ? Comment les grands groupes pétroliers influencent-ils les relations internationales ? Quelle est leur stratégie face à la mondialisation de l'économie et de l'information ? Perçoivent-ils de la même façon les exigences toujours plus fortes de leurs clients quant au respect de l'environnement ? Sont-ils plus sensibles à la situation des droits de l'Homme dans les pays où ils opèrent ? ››


‹‹ Malgré leur lien étroit avec leurs Etats d'origine lorsqu'il s'agit de défendre âprement leurs intérêts économiques, les grands groupes pétroliers ont une tendance fâcheuse à relativiser, voire à s'affranchir du respect des conventions internationales. Peu importe que l'Etat de leur siège social en ait été le promoteur et les ait ratifiées. Quand elles opèrent dans des pays peu soucieux du respect des normes éthiques édictées par la communauté internationale, les compagnies pétrolières tendent à agir en fonction des règles minimales propres à ces pays. Cette attitude cynique et contre-productive en termes d'image, encore largement répandue, tend à s'assouplir. Certains groupes pétroliers ont évolué sous la pression des ONG relayées par l'opinion publique, rarement sous celle de l'Etat de leur siège social. Ces Etats (pays membres de l'Union européenne et Etats-Unis) s'érigent volontiers en modèle dans les enceintes internationales quand il s'agit d'édicter et de faire respecter les droits de l'Homme et les normes sociales et environnementales. Capables de combattre pour défendre ces valeurs - ce fut le cas au Kosovo et récemment au Timor oriental - ces Etats semblent atteint de schizophrénie tant ils montrent peu d'empressement à exercer un contrôle sur les agissements des compagnies pétrolières dans les pays où elles opèrent, même si elles sont par leur simple présence complices de régimes politiques détestables (Birmanie, Congo) et directement ou indirectement de désastres sociaux et environnementaux (Nigeria). ››


Pour finir, en annexe, un questionnaire qui parait sortir tout droit de chez Greenpeace : Quelle est la proportion de cadres issus des grands corps de l'Etat dans les compagnies pétrolières françaises ? Les compagnies pétrolières disposent-elles d'une influence décisive sur la politique intérieure des pays concernés qu'ils soient producteurs ou consommateurs ? Comment traitent-elles avec les Etats non-démocratiques ? Quel rôle jouent-elles dans les conflits inter-étatiques et les guerres civiles ? Quels rapports entretiennent-elles avec les forces de sécurité et l'armée des Etats en guerre civile ou politiquement instables ? Comment répondent-elles aux accusations de financement occulte de partis politiques et de corruption de certains gouvernements ? Pourquoi les revenus du pétrole profitent-ils si peu aux populations des pays producteurs en Afrique notamment ? Des compagnies pétrolières ont-elles été poursuivies ou condamnées pour des infractions économiques ? Comment les conventions internationales en matière de respect des droits économiques et sociaux sont-elles appliquées ? Comment les compagnies pétrolières respectent-elles les normes internationales sur le respect de droits humains à l'égard des populations autochtones notamment dans les Etats qui n'ont pas souscrit aux conventions internationales de protection des droits humains ? Comment les conventions internationales sur le respect de l'environnement sont-elles appliquées par les compagnies pétrolières ? Comment les compagnies pétrolières gèrent-elles leurs relations avec les populations habitant dans les zones de prospection et d'exploration ? Comment l'impact d'une exploitation pétrolière sur l'environnement est-il évalué avant, pendant et après ? Quelles sont les précautions prises par les compagnies pétrolières pour éviter des accidents : incendies, propagations de pétrole, marées noires, etc. ? Quels sont les effets produits par le démantèlement des plates-formes pétrolières ? Comment les compagnies pétrolières assurent-elles la dépollution des sites de raffinage et de distribution de leurs produits ? Quelles sont les mesures prises pour éviter la pollution de la mer par les navires transportant du pétrole ?...


Lire le rapport d'information


Dix ans plus tard, les points évoqués sont toujours d'actualité : guerres, pollutions, violation des normes et des conventions internationales. L'industrie pétrolière n'a pas souhaité obtempéré, ni même se conformer aux  normes élémentaires. Sa course aux profits restera meurtrière jusqu'à épuisement de cette ressource.


Galerie photos de Paul Taggart : Nigeria : Oil

Projet Sakhaline 2 en Russie qui comprend un gazoduc, un oléoduc de

800 km, une usine de gaz naturel liquéfié, deux plateformes pétrolières

et un terminal pétrolier

Accidents sur des sites Total : la loi des séries continue mais était prévisible

Amnesty International dénonce la pollution pétrolière au Nigéria

Russie : Accord à l'amiable autour de Sakhaline-2

L'industrie pétrolière a apporté la pauvreté et la pollution au delta du Niger

Nigeria: la pollution causée par l'exploitation pétrolière a des effets désastreux

Nigeria: Shell sur le banc des accusés

Combien Total rapporte à la junte birmane

Pollution à Ath Mansour

Congo-Brazzaville: Pointe-Noire et environs victimes de la pollution pétrolière

Russie : Les bois grandissent malgré la pollution due aux hydrocarbures

Fuite importante sur un gisement pétrolier en Alaska

Total frôle les 11 milliards d'euros de profits sur 9 mois

Pollution petroliere sous-marine par Perenco Gabon a Etimbwe

Sexe, drogue et pétrole - Scandale aux Etats-Unis

Pollution pétrolière au Tchad - La terrible pollution pétrolière !

Kashagan : pharaonique et dévastateur

Bas-Congo : alerte à la pollution pétrolière à Moanda

BP : pollution au pétrole en Alaska

USA-Alaska : pollution suite à rupture d'un oléoduc

Un pétrolier s'échoue en Alaska

L’Alaska en Danger. Forage petrolier dans une reserve protegee

Le pétrole et la criminalité d'Etat

Le Congo desarmé face à la pollution pétrolière


Vidéo - Perenco Les tribulations d'un pétrolier français en Equateur

Vidéos - Des tribus de l’Amazonie contre un géant du pétrole

Vidéo sur les dégâts de Texaco en Amazonie (en anglais et espagnol)


Perenco et les forces armées démantèlent un barrage érigé par les Indiens

Pérou : Perenco investit en masse dans le pétrole

« Marée noire » en pleine forêt Amazonienne

Une compagnie française sur le point d'envahir le territoire d’Indiens isolés

Les derniers peuples libres sont harcelés par les entreprises pétrolière et forestières

Perenco, l'or noir français en Amazonie

L'entreprise Perenco en Amazonie équatoriale : pollution, maladies et mort


Chevron Texaco en Equateur, "le procès environnemental du siècle" :


Pour la première fois, en 2003, un lobby pétrolier comparaissait devant la justice d'un pays du "tiers monde" suite à une plainte déposée par des communautés en 1993 devant la Cour fédérale de New-York qui aura attendu 10 ans pour renvoyer l'affaire devant les tribunaux équatoriens.


Texaco pollueur : des Indiens d'Amazonie accusent

Poursuites judiciaires contre une compagnie pétrolière pour dommages à l’environnement

Procès contre Chevron Texaco en Equateur

Equateur : Les marais noirs de Texaco

Le pire désastre pétrolier du monde : Texaco en Amazonie Equatorienne

L'Equateur accuse Texaco de «crime contre l'humanité»

Equateur : peuples indigènes & pétrole

Amazonie : la compagnie chevron texaco dans le box des accusés

Frente de Defensa de la Amazonía - texacotoxico.org


Les sables bitumineux, un désastre écologique :


‹‹ L’extraction des sables bitumineux est ce qui se passe actuellement et constitue un scandale écologique dont la plus grande partie reste d’ailleurs à venir. Le principe est facile sur le papier : on enlève la couche de surface (jusqu’à 75 m), puis on ramasse le sable bitumineux pour l’emmener aux unités de traitement pour séparer le sable du bitume. La pollution est infernale et les conditions d’extraction abominables. L’exposition à l’air et à l’eau des mines à ciel ouvert provoque la formation de gaz sulfureux (nauséabonds à l’extrême en faible concentration et mortels à plus forte concentration) et d’acide sulfurique hautement corrosif, sans compter la destruction du site de la mine. Le chauffage de l’eau pour l’extraction nécessite de l’eau qu’on ne peut pas recycler du fait de la présence d’acide corrosif après utilisation, et de l’énergie qui fait grandement baisser le taux de récupération par rapport aux réserves. Le sable une fois traité ne peut pas être utilisé pour un autre usage car contenant toujours une part de bitume et de soufre et donc doit être stocké en attendant de pouvoir être remis dans la mine. Enfin, le bitume récupéré doit passer par un process lourd (cracking et hydrogénation) pour pouvoir être commercialisé aux raffineries (le résultat est un "pétrole de synthèse" qu’on appelle "syncrude", bien que ce nom soit une marque, un peu ce qui s’est passé avec "frigidaire" dans le monde de l’électroménager). ›› Le scandale incontournable de l’exploitation des hydrocarbures


‹‹ La détérioration environnementale majeure que subit le Nord de l’Alberta ne fait pas les premières pages de nos valeureux médias. À croire l’information, on pourrait penser que la pollution incroyable causée par l’exploitation des sables bitumineux n’existe pas. Cette semaine, il aura fallu un reportage du réputé National Geographic pour que cette réalité soit, un peu, même très peu dénoncée. D’ailleurs, je me demande si les lecteurs de cette page ont même vu passer la nouvelle. Le texte qui suit a été soumis aux journaux "officiels" mais l’article n’a pas été retenu pour publication. ›› Les sables bitumineux de l'Alberta


En janvier 2007, le Parti Communiste du Québec dénonçait la scandaleuse exploitation du sable bitumineux à Alberta. :  ‹‹ "Non seulement, le Canada ne pourra jamais remplir ses objectifs, tels que fixés par l'Accord de Kyoto, mais le Canada pourrait également se retrouver avec un désastre écologique, sur une échelle encore jamais vue, si rien n'est fait pour corriger le tir. Le pire dans tout cela réside dans le fait que la production de pétrole découlant de cette exploitation des sables bitumineux est, à 100%, destinée au marché américain et n'est donc pas essentielle.  Pas une goutte de ce pétrole n'est envoyée ailleurs au Canada; tout ce pétrole est envoyé via différents oléoducs vers les USA.  Ici même, au Québec, c'est à l'étranger qu'il faut acheter notre propre pétrole.  Et c'est d'ailleurs à la suite des pressions américaines qu'on parle maintenant d'aller encore plus loin dans l'exploitation de ces sables.  Encore une fois, nos politiciens, en Alberta comme à Ottawa, semblent plus préoccuper à faire plaisir aux maîtres de la Maison-Blanche à Washington qu'à réfléchir aux conséquences de leurs actes. Pendant ce temps, les sables bitumineux sont devenus le théâtre du plus important chantier de construction au monde.  On parle là-bas d'une des plus grandes réserves de la planète, encore très peu exploitée." ›› Un désastre sur une échelle encore jamais vue


‹‹ L’extraction d’un seul baril de pétrole par ce procédé nécessite 4 tonnes de sable bitumineux et génère quelques 125 kg de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre. De surcroît, la production d’un baril de pétrole entraîne le rejet d’environ 5 barils d’eaux usées. Ces eaux usées, d’une extrême toxicité, sont acheminées vers des énormes bassins de décantation et de rétention. Un désastre en attente, ces bassins, très acides, contaminés par des substances toxiques comme le titane de zirconium, sont situés, dans certains cas, tout à côté de la rivière Athabasca. ›› Ombres au paradis


Sables pétrolifères de l’Alberta, un désastre environnemental

Sables bitumineux : Shell condamné pour greenwashing

Sables bitumineux du Canada: du pétrole à n’importe quel prix

Catastrophe écologique au Canada - le pétrole en cause

Enquête Radio Canada : Alberta, sables bitumineux : La plus grave menace

Projet Sincor (Venezuela) de Total Fina Elf : bitumes de l'Orénoque

Halte aux sables bitumineux | Greenpeace Canada

La pollution de l’eau | Greenpeace Canada

Les sables bitumineux en images | Greenpeace Canada

Classic Canadian Tours : Alberta Oil Sands Tour


Actu Pétrole - mondialisation.ca

Actu Pétrole - lesmotsontunsens.com

Pétrole - Livres : Les renseignements généreux

Liste des marées noires et pollutions répertoriées par date

Liste des raffineries de pétrole dans le monde (en anglais)


Aucun commentaire: