L'IUCN donne à nouveau l'alerte. La menace d’extinction s’intensifie sur les espèces les plus proches de l’homme. 50% des espèces de primates sont menacées d'extinction, c'est le résultat d'une étude rendue publique au Congrès de la Société internationale de primatologie 2008. Durant le même Congrès en 2007, une étude identique présentait un rapport alarmant, 25% des primates dans le monde étaient en danger. Les principales causes de cette hécatombe n'ont pas changées : la destruction de leur habitat naturel et la chasse.
Les primatologues craignent que deux espèces de Colobes ne soient déjà éteintes. Le président du Groupe de spécialistes des primates de la Commission de la sauvegarde des espèces de l'UICN a déclaré : "A certains endroits, les primates sont littéralement dévorés jusqu'à l'extinction". Franck Chanterau, président de Little Jak (une ONG congolaise), dénonce une mafia organisée et une dilapidation des espèces protégées du Congo : «Ce sont des animaux qui deviennent de plus en plus rares et très convoités à l’extérieur par des riches collectionneurs ou des laboratoires. Pour notre cas, la Rdc, il y a une demande importante concernant les chimpanzés, les gorilles et les bonobo. Il y a des gens qui ont envie d’en posséder un personnellement. Il ne faut évidemment jamais acheter un bébé grand singe. Selon les statistiques internationaux, en voulant acheter un bébé grand singe, il faut tuer au moins dix de ses congénères. C’est un commerce illicite interdit en RDC. Ces animaux appartiennent au patrimoine congolais. La police et les gardes des parcs nationaux doivent arrêter ceux qui s’en livrent.»
Pendant ce temps, le CNRS rappelle les modalités administratives en ce qui concerne le transport d'animaux de laboratoire. Même si ces phrases toutes faites reflêtent une réglementation rigoureuse, il serait judicieux que la CITES ne délivre plus aucun permis à l'encontre de nos amis les primates, y compris au scientifiques. One Voice : L'expérimentation sur les primates
Souvenons-nous de la controverse en 2002 à propos des quatres jeunes gorilles transportés du Nigéria en Malaisie avec de faux permis de la CITES. Ceux-ci indiquaient que les gorilles avaient été élevés en captivité. Les gorilles, destinés à un zoo de Taiping, avaient été, en réalité, arrachés à leur milieu naturel, scandale dénoncé à l'époque par la Ligue internationale de protection des primates. Une enquête des autorités nigériennes conclut que les gorilles avaient probablement été capturés au Cameroun.
«Le commerce international des espèces sauvages est de l’ordre de 10 à 20 milliards d’euros par an. L’Union européenne constitue le second marché après les États-Unis, soit près du tiers du marché mondial.» déclare le Ministère de l'Ecologie français, d'où le rôle du PNUE (Programme des Nations Unis pour l'Environnement) d'administrer l'un des traités de conservation les plus importants au monde : la CITES, convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, une appellation plutôt sécurisante mais qui ne sera pas une protection suffisante pour toutes les espèces amenées à disparaître.
Notification CITES - Malaisie : Permis et timbres de sécurité volés
En l'espace d'un an, 25% de plus des espèces de primates sont menacées d'extinction.
Les primates vont-ils disparaître sous les cris d'alarme des experts ? Si nous ne parvenons pas à les protéger, nous serons incapables de protéger les autres espèces vivantes de notre planète, y compris nous.
Extraits tirés de l'article : Trafics d'animaux sauvages
«En France, l'arrêté Guyane, stipule que toutes les espèces présentes en Guyane sont interdites à la circulation et à la vente sur le territoire français. Cela pour éviter que le département d'Outre-mer devienne la plaque tournante du trafic en Amazonie. Mais, en dépit de cette réglementation, chaque année, des dizaines de milliers d'animaux passent les frontières illégalement, par les airs, les mers ou les routes. La grande majorité meurt pendant le transport. Certains sont congelés, d'autres empaillés. À l'aéroport de Roissy, une animalerie de 2 000 mètres carrés peut accueillir tous les animaux saisis vivants : du lionceau au ouistiti, en passant par les grenouilles maintenues en vie dans une ambiance tropicale artificielle.»
«Dans les pays pauvres, le commerce de la nature est une source de revenus considérable. Et certains trafiquants sont prêts à tout. Même à tuer, ainsi, en Afrique de l'Ouest, des perroquets gris font l'objet d'une traque sans merci. Au sud du Nigeria, le village d'lkodi est surnommé le paradis des perroquets parce que des milliers d'oiseaux vivent dans la forêt. Les villageois ramassent les plumes tombées du ciel et les vendent à des guérisseurs qui les utilisent dans des remèdes traditionnels. Mais ils se heurtent aux braconniers ghanéens qui capturent les oiseaux et travaillent pour le compte d'une véritable mafia locale. Tous les villageois qui ont essayé de détruire les pièges ont été assassinés. Et pour cause : les perroquets gris sont revendus entre 4 000 et 8 000 francs pièce dans les pays occidentaux.»
«En 15 ans, on estime à 500 000 le nombre des oiseaux exportés. Un beau pactole ! Sans compter que les perroquets gris sont loin d'être les seuls à être braconnés. Sur les 330 espèces de psittacides (perruches, perroquets...) officiellement recensées dans le monde, un tiers est en grave danger d'extinction et plus de la moitié est commercialisée régulièrement.»
«Certaines espèces, comme l'ara de Spiks, se vendent plus de 300 000 F pièce ! « Les aras sont plus nombreux en captivité que dans la nature, et personne ne cherche à les relâcher ni à les faire se reproduire car plus ils sont rares, plus ils sont chers », note Fabrice Bernard, garde ä I'ONC. Comble du cynisme, certains braconniers n'hésitent pas à éradiquer une espèce pour faire grimper les prix.»
«(...) Contrôlée par les Services vétérinaires, la boutique a présenté un permis CITES, assurant que l'animal était bien né en captivité et issu d'un élevage agréé. « II y a 99 % de chance pour que cet oiseau soit issu du trafic. A ma connaissance il n'y a pas d'éleveur agréé pour cet oiseau et il est peu probable qu'il soit en captivité depuis deux générations, c'est-à-dire 20 ans, comme le veut la loi », affirme Jerôme Pensu, du Conservatoire des espèces psittacines. Un cas flagrant de fraude ? En tous les cas, aucun autre organisme n'a réalisé de contrôle. Les gardes de I'ONC n'ont pas été autorisés à vérifier l'authenticité du permis. Et rien ne prouve qu'il ne soit pas faux car il existe aussi un véritable trafic de faux permis CITES ! Pour Jerôme Pensu, le doute est d'autant plus fort que cette animalerie commercialise couramment de nombreuses espèces protégées comme le cacatoes des Mollufues ou l'ara militaire, deux espèces recensées dans l'arrêté Guyane et totalement interdites à la vente.»
«Une fois identifiée, si l'espèce est protégée, elle doit bénéficier d'un permis délivré par la CITES pour être vendue. Ce permis garantît que l'animal est né en captivité, c'est-à-dire dans un élevage, et n'a pas été prélevé dans la nature. Les oiseaux doivent aussi être bagués car il est souvent difficile de distinguer deux animaux de la même espèce. Mais malheureusement, là aussi, il y a des trafics. « On voit de tout, des faux permis, des fausses bagues, sans oublier le trafic d'oeufs », dit Didier Boussarie, vétérinaire, qui plaide pour la mise en place d'une puce électronique posée sur les animaux afin de mettre un terme aux fraudes. « La législation actuelle ne sert a rien car il y a une tolérance beaucoup trop forte de l'administration. N'importe qui peut acheter un iguane ou un perroquet protégé, même dans des magasins, sans être menacé de poursuites », insiste le vétérinaire.»
Primatinfos :
Plus de 125.000 gorilles découverts par une nouvelle étude au Congo
Le singe Kipungi menacé d’extinction deux ans après avoir été découvert
"Orangs-Outans, gorilles, chimpanzés, hamadryas, géladas, singes araignées, nasiques, tous sont en danger de disparition imminente, menacés par le braconnage, la déforestation, la pollution, les guerres, les épidémies. En détruisant sa planète, l'homme met aussi en danger ceux qui l'habitent. Quelles perspectives pour les derniers grands singes ?"
Un livre de Philippe Huet paru aux Editions Flammarion
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