Partis politiques, communautés et associations dénoncent la politique environnementale d'Oscar Arias (Président du Costa Rica), qui pourtant vient d'être accueilli, une fois de plus, sous les applaudissements pour sa nouvelle campagne " Paz con la naturaleza " (paix avec la nature), en Europe cette fois-ci.
L'intention est un bon début mais la motivation d'Oscar ne suffira pas à mener cette initiative à terme puisque le Costa Rica vient de signer le Traité de Libre Commerce (TLC) avec les Etats-Unis, un traité sur mesure pour les multinationales américaines ("législation minimum", "exploitation maximum"). Ce traité fait même valoir les droits de ces colonisateurs dans les aires protégées, quelques parcs nationaux commencent d'ailleurs à ressentir les effets du TLC alors que celui-ci n'est même pas encore en application dans le pays.
La présence du Président costaricien en Europe n'était pas aussi verte qu'elle n'y paraissait puisqu'il semblerait que l'Europe ait aussi concocté un TLC pour exploiter un peu plus les pays émergents. Cependant l'eco-président est très soucieux de son image internationale (la nationale étant détériorée). Le Costa Rica vert qu'il s'efforce de présenter au monde perd de sa couleur chaque année, mais Oscar a bien compris que la réalité n'intéressait personne et que des belles paroles et dossiers garnis suffisaient à obtenir des subventions et donations internationales ou des contrats commerciaux suivant le but du voyage (fructueux d'une façon ou d'une autre).
Ici, au Costa Rica, la paix avec la nature se traduit par une future mine d'or à ciel ouvert à San Carlos, un TLC à venir avec la Chine, 22 projets de marinas, une sérieuse contamination des eaux, une déforestation incontrôlée, une population laissée pour compte, des indigènes abandonnés à leur famine, une biodiversité mourante. L'opinion publique et les associations s'insurgent et pourtant il semblerait que l'information n'ait pas de passeport, le monde continue de voir un Costa Rica respectueux de son environnement. Sérieusement, entre nous, vous connaissez un pays qui respecte son patrimoine naturel ? Vous n'êtes pas rassasiés de tous ces discours fallacieux ?
«La France, avec le « Grenelle de l’Environnement » voulu par le Président Nicolas Sarkozy, et le Costa Rica, avec la volonté du Président Oscar Arias de faire « la Paix avec la Nature » (Paz con la Naturaleza) sont deux pays engagés, sur leur continent respectif, en faveur de mesures concrètes au service d’une gestion écologique intelligente de nos ressources naturelles, favorisant le développement durable.»
La Lettre Diplomatique - Le Costa Rica : un lien unique entre la France et l’Amérique centrale
Pour ma part, j'en ai assez de ces discours moralisateurs et je m'effraie de voir qu'ils nourrissent autant d'opinions.
La "Paz con la Naturaleza"n'est pas prête d'être signée au Costa Rica
J'ai regroupé quelques images provenant de la toile et de Google Earth afin de vous présenter la volonté des dirigeants costariciens de préserver l'environnement. Nous sommes tous aux faits des impacts négatifs des industries sur notre planète, mais les impacts touristiques sont rarement médiatisés alors que l'industrie touristique ravage tous les pays, en particulier les pays tropicaux : Impacts touristiques au Costa Rica
L'eau potable se raréfie au Costa Rica. Les communautés craignent pour leur or bleu qui est soit détourné par d'immenses complexes touristiques et condominiums de luxe, soit pollué par des produits agro-chimiques venant des plantations de bananes et d'ananas. Cette affiche reflète le quotidien d'un peuple appauvri par l'ambition de ses politiciens. La gestion de l'eau n'est pas une priorité dans ce pays qui se vante de sa politique de développement durable.
Tatania Cruz a récemment démissionné de son poste de directrice générale de la SETENA (Secretaria Técnica Nacional), un organisme chargé de contrôler la viabilité des projets suivant leur impact environnemental. Cette démission a deux versions :
- la version officielle : Tatania Cruz n'a pas obtenu l'augmentation d'effectifs demandée,
- la version officieuse : sa démission est due aux pressions du gouvernement pour que les producteurs d'ananas continuent d'opérer dans le pays (ceux-ci étant responsables à l'heure actuelle d'une grave contamination des eaux). Cette version n'est autre que la déclaration de Mme Cruz lors d'une réunion dans les locaux de la SETENA, en présence de citoyens de Limon venus sur la capitale pour protester contre l'utilisation de produits agro-chimiques.
du MINAE (Ministère de l'environnement) et de la plage de nidification des tortues Luth
photo prise sur la route San José / Limon, côte caraïbe
Quelques liens costariciens :
Federación Ecologista - Noticias
Oscar Arias engaña a los costarricenses con el caso Baulas
Denuncian que gobierno permite contaminación de medio ambiente
Agua para los supernegocios o para las comunidades
Video YouTube - Polémica por Minería en Costa Rica
Directora de SETENA recibía presiones del Gobierno para favorecer a empresarios piñeros
BLOQUEVERDE - Resistencia Y Acción Ecologista
un excellent article du renommé océanographe costaricien Guillermo Quiros :
Et pour finir, j'ai trouvé sur la toile la réponse
de la biodiversité costaricienne à la campagne d'Oscar :
3 commentaires:
Superbes photos et commentaires édifiants. Sur les effets collatéraux des plantations d´ananas (variété MD2, qui a detroné la Cayenne, et dont rafollent les consommateurs européens), voir le dernier numéro de AMBIENTICO, de la Universidad Nacional:
www.ambientico.una.ac.cr/177.pdf
Bien a vous
Nicolas Boeglin
Voir également le reportage de la télé suisse (en français) sur la culture de l'ananas et son impact sur la déforestation au Costa Rica (sans parler de l'exploitation sauvage des petits paysans.
C'est sur
http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=311201&sid=7502768&page=1#title
A +
Trés bon article. Moi je connais trés bien la région de Dominical ou Mr Arias y est propriétaire de quelques centaies d'hectares. Ce qui est édifiant c'est la facilité avec laquelle on peut construire au Costa Rica et le peu d'impôts qu'il y a sur l'industrie touristique. Certes c'est un énorme incentive pour les américains qui y investissent par millions mais quand on voit ce que ca a donné au Guanacaste... Voir par exple Playa Flamingo... Sincèrement je serais ravis d'arréter de voir les projets de marina proliférer. Enfin, la crise financière va peut etre rémédier à ce problème !
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