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28.5.10

La modification génétique gagne des voix en politique


Dans notre monde aux valeurs inversées, les lobbies industriels mènent la danse, l'objectif est le même pour tous, contrôler le commerce mondial. Pour l'industrie agro-chimique, l'enjeu est de taille puisqu'il s'agit de contrôler les semences du monde entier. Pour cela, les puissantes compagnies semencières ont recours à des technologies dangereuses et inutiles qui détruisent la biodiversité agricole et contaminent les cultures paysannes. Aujourd'hui, les agriculteurs dépendent de ces compagnies engagées depuis des années dans une ambitieuse course au brevetage dans le seul but de s'approprier l'ensemble de la biodiversité de notre planète, un défi plutôt arrogant non ? Malheureusement non, le scénario peut se concevoir aisément car les dirigeants politiques, ces homo-sapiens génétiquement adaptés à fraterniser avec le diable, soutiennent les géants de l'agro-science. Finalement, il faut s'attendre à ce que l'année de la biodiversité soit un jour rebaptisée "Année Monsanto" ou encore "Année Syngenta".

‹‹ Par un intense lobbying auprès du Parlement, les semenciers profitent du projet de loi sur la modernisation de l’agriculture pour asseoir leur contrôle sur les semences et les plantes. Objectif : faire des paysans qui replanteraient les fruits de leur récolte des délinquants. La bataille législative s’annonce rude. [...] C’est ici que l’on atteint le comble de la mécanique capitaliste appliquée au monde agricole. Les gros semenciers recherchent davantage de profits et plus de pouvoir sur le vivant. Forts de leur puissance de feu financière et politique, pour éviter que des filières indépendantes se développent, type Kokopelli ou Réseau semences paysannes, ils tentent de criminaliser toute alternative. Ils font des paysans qui n’entreraient pas dans le moule commercial des délinquants. ›› source Basta! : Comment les semenciers tentent d’asservir l’agriculture paysanne - Lobby
‹‹ Le Fonds stratégique d’investissement (FSI) investit dans le géant de l’agroalimentaire Vilmorin. Il a été créé par les pouvoirs publics fin 2008 pour répondre à la crise et  aux besoins en fonds propres des entreprises françaises porteuses de croissance et de compétitivité. Il est doté de 20 milliards d’euros de fonds, apportés par l’Etat et la Caisse des dépôts et consignations, et a vocation à investir à long terme dans des entreprises existantes d’assez grosse taille. [...] Vilmorin : C'est un très gros semencier. Quatrième semencier mondial derrière Monsanto, Dupont de Nemours et un suisse, Syngenta. Pourquoi augmenter le capital de Vilmorin ? Parce que c’est, dit le directeur du FSI, Monsieur Michel, "c’est un secteur très concurrentiel est aux enjeux stratégiques pour l’agriculture française". et le président de Limagrain, Monsieur Pagesse, lui aussi est très heureux, car cela confirme, je cite, "le caractère stratégique de notre métier d’amélioration des plantes". Amélioration des plantes, cela veut dire, OGM. Aux Etats-Unis Vilmorin est en compétition avec les gros producteurs d’OGM, et il est présent dans une filiale qui fait du maïs et du soja à 90% OGM. Or il est clair que Vilmorin a envie d’accroître ses positions en Amérique. ›› source marianne2 : Avec Vilmorin, l'Etat investit dans les OGM, autre lien : La France soutient les OGM au lieu du secteur Bio


‹‹ C’est un véritable scandale qui agite le petit monde des hauts fonctionnaires européens depuis la révélation, il y a quelques jours, d’un cas de « porte tournante » qui remonte pourtant déjà à 2008. Les « portes tournantes », ce sont ces allers et retours de fonctionnaires européens entre des institutions européennes et le secteur privé. Cette fois, il s’agit de Suzy Renckens, qui fut à la tête de l’unité OGM de l’AESA (Agence Européenne de Sécurité des Aliments) d’avril 2003 à mars 2008 et s’est retrouvée propulsée quelques semaines plus tard à un poste clé de lobbyiste pour la société agro-semencière Syngenta. Sa mission, approcher et convaincre les autorités comme l’Unité OGM, dont elle dirigeait la branche scientifique auparavant au sein de l’AESA, du bienfait des OGM. ›› source Greenpeace : Scandale des portes tournantes
‹‹ Le cas de Suzy Renckens : Arrivée en octobre 2002 dans les locaux de l'autorité situés à Parme en Italie, Suzy Renckens est docteur en biologie moléculaire. Elle avait auparavant travaillé sept ans à l'Institut pour la Santé Publique de Belgique, son pays d'origine. Et si aujourd'hui cette personnalité plutôt discrète se retrouve au cœur d'une polémique risquant d'entraîner le président de la Commission Européenne, c'est suite aux révélations de Testbiotech, un centre de recherche sur l'évaluation des biotechnologies basé à Munich en Allemagne. En novembre 2009, il a révélé que Suzy Renckens, qui était à la tête de l'Unité OGM de l'AESA d'avril 2003 à mars 2008 (coordinatrice scientifique du Panel OGM, précisément), s'est retrouvée à un poste clé au sein de la société agro-semencière Syngenta dès mai 2008, soit quelques semaines à peine après avoir quitté son poste de fonctionnaire de l'UE. Or, ce que souligne ces ONG, c'est que son ancien employeur n'a émis aucune objection ni restriction sur ce transfert vers l'industrie semencière, alors que le règlement qui s'applique aux fonctionnaires de l'UE l'exige dans ce type de situation, afin de limiter les conflits d'intérêt. Un cas qui n'est pas sans rappeler celui des « portes tournantes » - qui n'est pas propre à la seule industrie des biotechnologies - et qui est le nom donné aux allers et retours d'experts entre des organes officiels de régulation d'un domaine économique vers des entreprises privées qui exercent dans ce même domaine. Dans le cas de Suzy Renckens, le directeur de Testbiotech, Dr. Christopher Then, souligne qu'elle a de fait reconnu que son nouveau rôle au sein de Syngenta était d'approcher personnellement les autorités afin de promouvoir le développement des plantes transgéniques. En d'autres termes, faire du lobbying auprès des autorités européennes. Il dénonce par ailleurs le fait que l'AESA n'ait réagi qu'une fois l'affaire révélée au grand jour en contactant seulement à partir de décembre 2009 l'intéressée, soulignant au passage que son nouveau poste était soumis à approbation jusqu'à deux ans après sa démission de ses précédentes fonctions au sein de l'UE. « Avec une telle proximité à l'industrie, la question est simplement de savoir comment l'autorité peut-elle prendre ses décisions d'autorisation d'OGM, de manières indépendante. La Commission Européenne devrait prendre clairement position sur cette affaire », justifie-t-il. Car en effet, le souci est qu'au sein de l'AESA, Suzy Renckens était la coordinatrice du groupe d'experts (21 au total) en charge précisément de réfléchir sur les applications et risques sanitaires des plantes transgéniques, dans lesquelles un gène étranger a été introduit pour lui confèrer via une protéine certaines propriétés comme la tolérance à un herbicide et/ou la production d'un insecticide, par exemple. Pour sa défense, Suzy Renckens, qui occupe désormais le poste de directrice des affaires règlementaires sur les biotechnologies pour l'Europe chez Syngenta, rétorque que l'AESA avait déjà été prévenue de ce changement professionnel, rapporte Testbiotech. Elle avait par exemple envoyé un courriel à ses anciens collègues en mai 2008. Enfin, Testbiotech précise aussi que dans le cadre de sa nouvelle qualité, Mme Renckens avait pris part à une réunion entre l'autorité et la Commission en mars 2009, qui donc à ce moment-là ne pouvaient plus ignorer cette situation. Dans ces circonstances, l'association demande à ce que l'AESA soit réorganisée. ›› source mediapart : UE un cas de «portes tournantes» entraîne M. Barroso dans une polémique


‹‹ Les industries semencières agitent fortement leurs lobbies bruxellois pour faire passer 2 types de dispositions, apparemment sans lien avec la guerre qu’elles mènent depuis 15 ans pour imposer les plantes transgéniques (PGM).
L’une concerne les plantes obtenues par mutagenèse "incitée" grâce à des chocs violents (chimiques, physiques, radioactifs) qui provoquent des modifications aléatoires du génome, dont parfois des traits supposés "favorables". Ces plantes, qui sont des OGM selon la définition de la directive européenne 2001/18, génèrent les mêmes risques pour la santé et l’environnement que celles obtenues par trangénèse. Pourtant elles ont été miraculeusement exclues du champ d’application de cette directive, ce qui permet aux industriels d’éviter les évaluations des PGM… et les foudres des consommateurs.
L’autre disposition permettrait de breveter des variétés issues de croisements traditionnels, le brevet étant une prérogative du propriétaire jusqu’ici réservée aux PGM (et donc aussi aux plantes mutantes). L’Office européen des brevets (OEB) est assailli de telles demandes : près de 500 en 2008 ! S’il répond favorablement, les compagnies privées pourront progressivement contrôler l’accès aux semences (prix, disponibilité, interdiction de ressemer,…). Ces manœuvres ne veulent pas dire que l’offensive des PGM est terminée. Pour preuve, les industriels ont fait pression sur le gouvernement mexicain et obtenu enfin (décret du 6 mars 2009) la culture de maïs transgénique dans ce pays. Il s’agit d’un "crime historique contre les peuples du maïs, contre la biodiversité et contre la souveraineté alimentaire, contre dix mille ans d’agriculture paysanne et indigène qui ont légué cette semence pour le bien commun de tous les peuples du monde" fustige justement une pétition qui souligne que les milliers de variétés présentes uniquement dans ce centre d’origine du maïs risquent d’être toutes polluées par l’introduction des transgènes. Pourtant ces offensives variées pour la propriété du vivant laissent penser que Monsanto et consorts ne misent plus exclusivement sur les PGM. Comme s’ils comprenaient enfin que leurs promesses aguichantes (PGM pour sols secs ou salés, productivité augmentée, résistances durables aux parasites,…) sont techniquement très aléatoires et socialement conflictuelles. ›› Professeur Jacques Testart Biologiste et Directeur de Recherche à l'INSERM


‹‹ La Commission européenne vient d'autoriser la culture à des fins industrielles et d'alimentation animale, de la pomme de terre OGM de la variété Amflora de BASF. Elle a également autorisé la mise sur le marché pour l'alimentation humaine et animale, de trois maïs OGM dérivés du MON 863. Réactions de France Nature Environnement : La fédération dénonce fermement ces autorisations qui s'appuient, selon la Commission, sur des avis favorables de l'Agence européenne de sécurité des aliments (AESA). Car les procédures d'évaluation mises en œuvre par cette Agence sont largement critiquées et critiquables. Ainsi, à deux reprises, le Conseil européen des ministres de l’environnement s’est prononcé pour que soient "renforcées et harmonisées les méthodes d’évaluation des risques des OGM en Europe". De plus, il a été montré que les avis de l'AESA sont irrecevables car utilisant des données scientifiques non fondées. En effet, dans un autre dossier, celui du MON 810, le Comité scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies a estimé que la puissance statistique des tests présentés par le pétitionnaire et analysé par l'AESA, est insuffisante pour conclure. De plus, l'Agence n'a jamais répondu de manière correcte à la question posée par une députée européenne sur l'innocuité de ce maïs, ainsi que le montrent les éléments rassemblés par la fédération et disponibles sur son site Internet (1). FNE va donc défendre auprès du gouvernement et des parlementaires européens la nécessité d'une enquête parlementaire européenne sur le fonctionnement de l’AESA et la validité de ses avis. Cette enquête devra aboutir à une profonde réforme de la procédure d'évaluation des OGM, avec l'intégration des enjeux socio-économiques liés à l'utilisation des OGM et la fourniture de moyens pour mener des contre-expertises des dossiers présentés par les pétitionnaires. - (1) MON 810 : impossible de conclure à son innocuité ›› communiqué de la FNE

Amflora, la patate de la discorde


Monsanto a encore frappé… Cette multinationale nord-américaine des pesticides, des semences et leader mondial des OGM, a fait couler beaucoup d'encre ces dernières années. Aujourd'hui, elle est accusée de resserrer ses griffes sur Haiti : ‹‹ Après le tremblement de terre dévastateur, l’agriculture en Haïti, qui en principe devait être reconstruite récemment avec l’argent des dons du monde entier, a été complètement détruite sous le prétexte de l’aide humanitaire et la collaboration énergique du gouvernement US. Des semences de la firme Monsanto d’une valeur de quatre millions de dollars américains ont été plantées dans le sol de l’île et contaminent les champs des paysans. Voilà à quoi ressemble l’aide américaine, qui utilise la situation de pauvreté de ce pays détruit pour étendre la présence des graines de plantes génétiquement modifiées dans le monde entier. [...] Les paysans haïtiens perdront les recettes d’exportation. De plus ils sont rendus dépendants dans les cultures successives par les licences de Monsanto et esclaves des multinationales. Les conséquences sanitaires sur les habitants sont incalculables. ›› source HNS-info : Sous prétexte d'aide, Monsanto contamine Haïti

Haïti : Monsanto et le "Projet Winner"

17.5.10

Serons-nous un jour délivrés des pesticides ?


Serons-nous un jour délivrés des pesticides ? La question devrait plutôt être formulée ainsi : Allon-nous un jour être débarrassés des dirigeants politiques qui propagent la peste des lobbies industriels plutôt que d'affirmer une volonté de développement durable et d'assurer une stabilité économique au peuple ? En France, la manipulation politique continue de frapper de plein fouet. Malgré la promesse de réduire les pesticides de 50% d'ici 10 ans formulée par le président de la république pro-lobbies en 2007, les français devront encore supporter les poisons de l'industrie chimique dans leur alimentation.

Dans un récent communiqué de presse, le MDRGF accuse le gouvernement de défendre les positions dictées par les lobbies des pesticides : « Le gouvernement vient de se couvrir de honte en cédant aux lobbies agrochimiques des dispositions qui vont permettre le maintien sur le marché de pesticides dangereux et vont inciter les jardiniers à utiliser beaucoup de pesticides ». Peu de temps auparavant, dans sa lettre d'information, le MDRGF dénonçait  un rapport rédigé par un député UMP et un sénateur… UMP, intitulé "Pesticides et santé", un titre qui pourrait laisser présager quelques précautions sanitaires… détrompez-vous, ce rapport met en garde contre une diminution trop brutale des produits phytosanitaires, remet en cause la responsabilité de ceux-ci quant à la disparition des abeilles et minimise leur rôle cancérigène : ‹‹ Tout est fait dans ce rapport pour justifier l'emploi des pesticides, en reconnaitre les intérêts même sanitaires ! Tout est fait pour amoindrir les usages importants qu'en fait la France, les risques sanitaires de ces produits aussi bien pour les utilisateurs que pour les personnes exposées indirectement. On n'a de cesse de nous expliquer que le retrait de certains de ces produits poserait de gros problèmes aux agriculteurs, que ces mêmes agriculteurs n'ont eu de cesse de faire moult et moult efforts pour réduire leur usage etc. Et de dire que les peurs du public concernant ces pesticides sont des peurs « émotionnelles » voire irrationnelles. En un mot circulez il n'y a rien à voir ! ››



  Qui croire ?  

La contamination de l'environnement et l'augmentation constante des maladies nouvelles ont suscité de nombreuses études scientifiques qui démontrent aujourd'hui la dangerosité des produits phytosanitaires pour la santé et l'environnement. Seuls les fabricants continuent d'affirmer qu'il n'y a pas de risque. On peut apprécier l'ampleur de la manipulation médiatique sur Info-pesticides.org, le site de l'Union des Industries de la Protection des Plantes (UIPP) qui malgré son nom protecteur n'est autre qu'une organisation professionnelle regroupant les principaux fabricants de pesticides (dont BASF, Bayer, Monsanto et Syngenta) :

‹‹ Tous types de cancers confondus, les agriculteurs ont moins de cancers que la population générale ››  ‹‹ Les agriculteurs, compte tenu de leurs activités, sont plus exposés à certains facteurs de risques tels que le soleil (principale cause des cancers de la peau), les hydrocarbures (diesel…), les mycotoxines, les virus transmis par les animaux (élevage)… qui pourraient être impliqués dans ces maladies. ››

Sur Info-pesticides.org, tout est dit ! "agriculture raisonnée", "respect de l'environnement", "produits utiles", "entreprises responsables", "innovation", "utilisation raisonnée"… On nous explique que les pesticides servent à protéger les cultures, assurer des récoltes régulières, maintenir la qualité des aliments (il fallait oser), nourrir la planète et assurer l'avenir de la filière alimentaire. En ce qui concerne notre santé, soyons rassurés, évaluations rigoureuses, contrôles sévères et marges de sécurité élevées sont au programme.

On peut apprécier le respect de cette politique agricole sur le site de la société Monsanto, adhérente de l'UIPP : ‹‹ Monsanto est une société consacrée à l'agriculture. Nos innovations et notre technologie aident les agriculteurs du monde entier à produire plus en préservant plus. Nous aidons les agriculteurs à réussir de manière durable, en produisant une alimentation humaine et animale plus saine et des fibres textiles, tout en réduisant l'impact sur notre environnement. ››. Une politique agricole présentée différemment par le collectif d'associations Combat Monsanto

‹‹ Première consommatrice de pesticides en Europe, la France continue aujourd’hui de classer les préparations naturelles dans les "phytopharmaceutiques". D’autres pays européens, soumis aux mêmes directives et règlements, reconnaissent et classent ces préparations dans une catégorie à part. En Allemagne par exemple, les substances de base acceptées par le règlement européen bio n’ont pas besoin d’être inscrites sur la liste européenne. Plus de 400 préparations sont ainsi commercialisées dans ce pays. "En Espagne, il suffit de vérifier que les préparations naturelles sont peu toxiques et efficaces et l’on peut faire l’inscription à peu de frais, explique Jean Sabench. Nous réclamons une réglementation qui soit également logique en France." Les associations, syndicats et collectivités locales mobilisées demandent l’adoption en France d’un amendement à la loi Grenelle 2 affirmant que les préparations naturelles peu préoccupantes ne sont pas des pesticides et permettant leur commercialisation et leur utilisation effectives. Dans les ministères, les lobbies s’agitent. Arriveront-ils une fois de plus à imposer leur morbide point de vue ? ›› source : bastamag.net - Quand le lobby des pesticides empêche la commercialisation de produits naturels


  Un réseau pour les victimes des pesticides  

Pour la première fois en France, des victimes des pesticides ont pu se réunir grâce à l'initiative de deux ONG, HEAL et le MDRGF, et d'un agriculteur Paul François. Les rencontres ont eu pour objectif de projeter des actions revendiquant une reconnaissance des victimes des pesticides et formuler des demandes précises aux autorités publiques. De nombreuses personnes sont venues apporter leurs témoignages, des agriculteurs de toute la France atteints de Parkinson, de cancer, de troubles multiples, mais aussi des particuliers vivant en milieu rural à proximité de champs traités aux pesticides.

Les deux associations appellent toutes les personnes exposées aux pesticides et subissant des préjudices, à les rejoindre afin d'apporter leur témoignage et appuyer les demandes adressées au gouvernement. « Nous nous sentons privilégiés de faire partie de ce réseau de personnes qui souffrent des effets de l’exposition aux pesticides. Ce réseau contribuera non seulement à aider plus de personnes à faire en sorte que leur maladie soient reconnues et indemnisées, mais aussi à sensibiliser au fait que les pesticides peuvent provoquer des cancers et autres problèmes de santé graves. Notre intention est maintenant de partager cette expérience dans différents pays européens afin que les produits chimiques ayant notamment des effets cancérigènes soient retirés du marché le plus rapidement possible » Génon Jensen, Directeur exécutif de Health and Environment Alliance (HEAL).




  VIDEO    ‹‹ Le cycle idiot décrit comment les plus grandes industries chimiques du monde fabriquent et diffusent des substances cancérigènes et, en parallèle, développent, produisent et financent les traitements contre le cancer. La réalisatrice hispano-canadienne Emmanuelle Schick Garcia plonge dans les coulisses de la maladie "la plus lucrative de la planète". Aujourd’hui, nous serions, selon elle, bombardées de 18 millions de produits chimiques, dont beaucoup se mélangent dans l’environnement pour en créer de nouveaux. Seulement 2 000 de ces produits chimiques fabriqués par l’homme ont subi une analyse toxicologique complète. Il tourne, il tourne, le cycle idiot. Et pendant ce temps-là, en France, un rapport parlementaire sous forme de plaidoyer pour les pesticides, rendu public à une semaine de l’ouverture du vote sur le Grenelle 2, concluait : "Aucune étude scientifique n’est en mesure aujourd’hui de faire, chez l’homme, un lien entre la consommation d’aliments issus de l’agriculture conventionnelle qui utilise des produits phytopharmaceutiques et la survenue de maladies." ›› source : terra-economica.info



16.5.10

Primer l'insoutenable au nom de la vie


L'ONG Survival International fait actuellement pression sur le Conseil mondial du tourisme et des voyages (WTTC) pour avoir désigné Wilderness Safaris pour son prix annuel "Tourisme pour demain", un prix récompensant les "meilleures pratiques en matière de tourisme durable".

Or Wilderness Safaris n'est autre que la compagnie d'écotourisme et de préservation de la nature à l'origine de l'infâme projet touristique qui a vu le jour dans la réserve du Kalahari, territoire ancestral des Bushmen, au Botswana. Sur son site internet, cette compagnie, qui opère également en Namibie, Malawi, Afrique du Sud, Zambie, Zimbabwe et aux Seychelles, se présente comme une compagnie d'écotourisme responsable qui a pour but de protéger la faune et la flore des régions sauvages où elle opère, en incluant bien sûr les communautés locales dans ses programmes de préservation. Et pourtant, en 2009, Wilderness Safaris a ouvert son lodge Kalahari Plains Camp dans la réserve du Kalahari sans avoir consulté les bushmen qui se sont vus interdire par leur gouvernement l'accès à l'eau sur leurs propres terres (le neveu et l'avocat du président botswanais siègent tous les deux au conseil d'administration de Wilderness Safaris).

‹‹ En dépit du verdict de la Haute Cour botswanaise, rendu en 2006, qui confirmait le droit constitutionnel des Bushmen à demeurer sur leurs terres ancestrales dans la Réserve du Kalahari central, le gouvernement botswanais a démantelé un puits dont les Bushmen dépendaient. Ils sont désormais forcés de parcourir une distance de plus de 500 km aller-retour pour s’approvisionner en eau. Ils ont intenté un nouveau procès contre le gouvernement, la première audience étant prévue le 9 juin prochain. De récents rapports des Nations Unies et du département d’Etat américain ont condamné l’attitude du gouvernement vis-à-vis des Bushmen. Alors que les Bushmen sont aux prises avec la tyrannie d’un gouvernement qui les prive de ce que Wilderness Safaris qualifie de ’bien le plus précieux dans le désert’, les touristes du Kalahari Plains Camp ont tout loisir de se rafraîchir au bar et à la piscine du lodge après une éprouvante ‘promenade bushman’. Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Il y a quelque chose d’obscène dans le fait d’investir dans un tourisme de luxe qui s’installe en plein cœur du territoire bushman, alors que ces chasseurs-cueilleurs sont traités avec tant d’inhumanité. Tant que les Bushmen n’auront pas accès à l’eau, les touristes devraient s’abstenir de se rendre dans la réserve et les investisseurs s’abstenir d’acheter des parts dans des compagnies touristiques qui opèrent dans la région’. Jumanda Gakelebone, porte-parole bushman, a déclaré : ’Nous, les Bushmen, demandons aux compagnies de ne pas acheter d’actions dans la compagnie tant que nos droits et notre liberté ne nous seront pas rendus. Il n’y a rien de plus insupportable que de voir des gens s’ébattre dans une piscine à côté de nous dans le désert alors que nous n’avons nous-mêmes aucun accès à l’eau’. ›› Source Afrik.com : Puma invité à se désinvestir d'un lodge touristique controversé en territoire bushman


La conscience appelle à la responsabilité, et pour toute industrie telle qu'elle soit, la responsabilité se traduit par des contraintes qui sont aussitôt exprimées en coûts monétaires. Bien évidemment, l'industrie touristique ne va pas bouder le tourisme responsable au risque de perdre un marché censé prendre une ampleur mondiale, mais elle ne permettra pas pour autant que soit égratigné son chiffre d'affaires sous prétexte d'un prétendu respect de la vie, alors il ne lui reste plus qu'à tricher. Les valeurs sont bien différentes vues de tout là haut, du hublot d'un jet.


De son côté, l'UNESCO scandalise les défenseurs des droits humains en acceptant le financement et l'instauration d'un prix provenant d'un gouvernement dictatoriel. « "Le travail de l’UNESCO risque d’être entaché par cette alliance contre-nature avec l’un des dictateurs les plus sinistres du monde" déclare la lettre commune envoyée par les associations au directeur-général de l’UNESCO Irena Bokova ».

Tout commence en 2008 lorsque le Conseil exécutif de l'UNESCO approuve et instaure le prix UNESCO-Obiang Nguema Mbasogo, proposé par le président Obiang de la Guinée équatoriale (qui en toute modestie a donné son nom au prix). Le prix Obiang qui récompense les recherches scientifiques contribuant à améliorer la qualité de vie des êtres humains, et qui a été financé par Obiang lui-même pour la modique somme de 3 millions de dollars, a été ouvert aux candidats en 2009. La limite de candidature, fixée en septembre 2009 a finalement été repoussée à décembre puis au 30 avril 2010 car les associations et les groupes de défense des droits humains ont réclamé une enquête sur la provenance des fonds destinés à financer ce prix. Sous la pression, l'UNESCO a fournir des informations contradictoires sur le statut exact du prix et a fait savoir, en janvier dernier, qu'elle suspendait son instauration. Finalement, fin avril, l'UNESCO a annoncé que le prix Obiang sera attribué en juin 2010.

Alors que la plupart des habitants de Guinée équatoriale (4ème producteur de pétrole de l'Afrique sub-saharienne) n'ont pas accès à l'eau potable, que les trois quart de la population vivent dans la pauvreté et meurent avant 50 ans, on peut effectivement s'interroger sur le choix de l'UNESCO, tout en sachant que l'ONU a condamné les pratiques du gouvernement guinéen en matière des droits de l'homme (absence de procès équitables, arrestations arbitraires, torture).

« L’UNESCO se laisse manipuler et sert à rehausser la réputation désastreuse d’un despote cruel et corrompu », a déclaré Tutu Alicante, de l’organisation de défense des droits humains EG Justice. « Les 3 millions USD utilisés pour garantir le prix devraient être affectés à l’éducation et le bien-être du peuple équato-guinéen, pas à la glorification de leur président. » (…) ‹‹ Le statut lamentable des droits humains en Guinée équatoriale s’accompagne d’une corruption généralisée qui siphonne les ressources qui permettraient de satisfaire les besoins fondamentaux de la population. D’après des preuves avancées en 2004 et 2010 par le sous-comité permanent d’enquête du Sénat américain, le président Obiang et les membres de sa famille proche auraient détourné des dizaines de millions de dollars provenant des ressources naturelles de leur pays à leur profit personnel. Des poursuites criminelles sont d’ailleurs en cours d’examen en Espagne. ›› UNESCO devrait mettre fin à son alliance avec le président de la Guinée équatoriale


Décidément, primer l'insoutenable au nom de la vie est une pratique en vogue. Parviendrons-nous à préserver la biodiversité dans un monde où les droits humains sont violés au quotidien ? J'en doute. Comment l'être humain pourrait-il considérer la vie sous toutes ses formes s'il n'est déjà pas capable de respecter ses semblables ?

7.5.10

Costa Rica : Oscar s'en va, bon débarras

Un communiqué signé par 26 organisations environnementales costariciennes, a été transmis aux principaux médias du pays. Celui-ci dénonce les graves erreurs environnementales du gouvernement Arias. Le compromis du président de la république Oscar Arias avec l'environnement lors des conférences internationales, n'a pas été mis en pratique au niveau national. Les décisions de l'administration Arias ont provoqué un profond recul dans la conservation des ressources naturelles du pays, générant des destructions probablement irréversibles. Le document cite plusieurs exemples comme l'expansion des cultures d'ananas (1), l'exploitation minière (2), le développement immobilier côtier au mépris des mangroves, des forêts humides et de leur biodiversité, l'eau à Sardinal (3), les tortues Luth et les aires protégées (4), les deux décrets exécutifs qui modifient la Loi de la Biodiversité, … (lire le communiqué en espagnol : Graves desaciertos ambientales de la administration Arias)
Mais Oscar s'en fiche pas mal. Le bougre était bien trop occupé, ces derniers jours, dans sa course à l'inauguration avant la cérémonie de passation de pouvoirs qui convertira Laura Chinchilla en nouvelle présidente du Costa Rica. Et quelle course ! Aucun projet sous son mandat n'aura réchappé à sa plaque commémorative. Des constructions non achevées (hôpital, aéroport…) ont même été inaugurées, de même qu'un projet de construction d'édifices administratifs qui n'en est qu'au stade de l'acquisition des terrains (l'Etat n'étant pas encore propriétaire). La chaine de télévision Teletica n'a pu s'empêcher de diffuser cette inauguration qui a valu son pesant d'or : 
Question de la journaliste au président :
‹‹Pourquoi inaugurez-vous ce projet, vous n'avez pas encore acheté les terrains?››
Réponse d'Oscar (agacé) :
‹‹¿Y que importa eso?››
(mais qu'est-ce que ça peut bien faire ?)
Question de la journaliste :
‹‹Mais si un propriétaire ne veut pas vendre ?››
Réponse d'Oscar (toujours agacé) :
‹‹Si algunos no quieren vender, se expropian››
(S'ils ne veulent pas vendre, ils sont expropriés)
Et oui, le Prix Nobel de la Paix n'est pas toujours disposé à réciter un beau discours…

Oscar Arias et Roberto Dobles, ex-Ministre de l'Environnement,
président du Conseil d'administration du Forum ministériel mondial pour
l'environnement du Programme des Nations Unies, et actuellement accusé
de délit économique et de corruption dans son pays

(1) La production d'ananas au Costa Rica représente plus de 40.000 hectares de terres cultivées principalement pour l'exportation vers l'Union Européenne et les Etats-Unis. Cette production destinée au marché mondial génère des problèmes environnementaux, économiques et sociaux - déforestation arbitraire pour faire place aux cultures, contamination des eaux et des rivières par les entreprises agricoles, utilisation de produits chimiques en grande quantité (afin d'accélérer le cycle du fruit et répondre à la demande mondiale) provoquant des problèmes respiratoires et maladies de la peau chez les travailleurs.  tsr.ch - émission : A bon entendeur - Les ananas de la colère 
  
(2) Le Costa Rica, victime de son environnement politique